Séisme : "le risque de Big One est 100 fois plus élevé"

La partie la plus au sud de la faille de San Andreas pourrait se rompre dans les jours à venir
La partie la plus au sud de la faille de San Andreas pourrait se rompre dans les jours à venir © DAVID MCNEW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Marthe Ronteix , modifié à
Deux cents micro-séismes ont récemment été ressentis sur la faille de San Andreas, près de Los Angeles et de San Francisco. Des signes assez importants pour craindre le fameux Big One.
INTERVIEW

Depuis quatre ou cinq jours, environ 200 mini-séismes, de magnitude 1,4 à 4,3 sur l'échelle de Richter, ont été enregistrés au niveau du lac Salton Sea, à deux heures de Los Angeles, en Californie, non loin de la gigantesque faille sismique San Andreas. Une situation qui fait craindre l'arrivée du redouté "Big One", comme l'explique Pascal Bernard, sismologue de l'Institut de physique du Globe de Paris.

Le Big One, qu'est-ce que c'est concrètement ? C'est un énorme séisme de magnitude 8 ou plus sur l'échelle de Richter [qui comporte 9 degrés] et qui se situera sur la faille de San Andreas, à quelques centaines de kilomètres de San Francisco et de Los Angeles, en Californie. Il pourrait y avoir des dégâts très lourds. Ce sont deux plaques tectoniques qui vont se briser, coulisser l'une sur l'autre et provoquer des secousses.  

Cette faille est bien connue puisqu'elle a déjà donné deux grands séismes, en 1854 dans la partie sud et en 1906 plus au nord, à San Francisco. C'est la partie la plus au sud qui pourrait casser de nouveau. Ce tronçon s'est déjà brisé en 1680 et a provoqué un séisme de magnitude 7,7.

Pourquoi peut-on dire qu'il est imminent ? Les sismologues ont repéré de micro-séismes à peine ressentis par l'homme à l'extrême sud de la faille, dans la région du Grand lac salé, sur quelques centaines de mètres de longueur et au niveau de profondeur de la faille. C'est le signe qu'elle commence à se débloquer et que la rupture de cette partie sud pourrait bientôt arriver. Ce tronçon pourrait alors se briser et les secousses se propager jusqu'à la partie nord à une vitesse de 3 km/sec, en faisant glisser les plaques de 5 mètres l'une par rapport à l'autre.

Par rapport à la semaine dernière, les spécialistes ont calculé qu'il y avait 1 chance sur 100 pour que le Big One arrive dans les jours ou les semaines à venir. Cela paraît peu, mais c'est tout de même 100 fois plus élevé qu'avant de repérer de tels signes.

Quelles peuvent être les conséquences d'un tel séisme ? En Californie, elles devraient être relativement limitées, parce que la population est très au courant des risques de rupture de ces tronçons de la faille. Les bâtiments sont aux normes para-sismiques et les habitants connaissent bien les consignes pour se protéger du séisme et de ses répliques. 

De plus, il s'agit d'un glissement horizontal et pas d'un choc entre deux plaques. Donc les Californiens pourraient seulement "changer de voisin" à cause du mouvement des plaques. Des routes et des canalisations pourraient être coupées, mais on ne craint pas de voir le paysage changer avec la création de collines ou de glissements de terrain, car seules les vibrations du mouvement auront des conséquences.

Existe-t-il d'autres Big One attendus dans le monde ? Les spécialistes étudient aussi de près la faille nord anatolienne qui se trouve sous la mer de Marmara et donc très proche d'Istambul [en Turquie]. On considère que c'est une faille proche de la rupture parce qu'elle n'a pas cassé depuis 250 ans. Donc on attend un très grand séisme dans quelques dizaines d'années. 

C'est une perspective plus inquiétante qu'en Californie car les Turcs sont bien moins préparés que les Californiens. C'est une ville ancienne avec des bâtiments qui ne sont pas aux normes para-sismiques pourtant la magnitude pourrait être équivalente au Big One américain.