On n'oublie jamais la langue de son enfance

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Fabienne Cosnay, avec AFP , modifié à
Notre cerveau est capable d'identifier des sons et des tonalités propres à une langue entendue durant la petite enfance, mais plus jamais par la suite. 

Une nouvelle étude vient de démontrer l'importance des toutes premières années de la vie pour forger les capacités mentales. Notre cerveau est ainsi capable d'identifier des sons et des tonalités propres à une langue entendue et apprise dans la petite enfance mais oubliée ensuite. Voila la conclusion d'une recherche canadienne menée sur des enfants adoptés et publiée dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

L'étude. Cette expérience a été menée avec des enfants chinois adoptés par des familles canadiennes francophones. Le cerveau d'un enfant exposé très jeune à une langue forme des représentations des sons mais on ignorait jusqu'alors si le cerveau les mémorisait durablement s'il n'était plus exposé à cette langue, expliquent les auteurs dans leur recherche.

La méthode. Pour répondre à cette question, ces chercheurs se sont intéressés à 48 filles âgées de 9 à 17 ans ayant été exposées  très jeunes à différents niveaux de français et de chinois. Ils ont fait entendre à trois sous-groupes des enregistrements de différentes tonalités très caractéristiques du chinois qui n'existent pas en français. Le premier sous-groupe était formé de jeunes filles nées et élevées dans des familles francophones n'ayant pas appris une autre langue.  Le second ne comptait que des filles adoptées avant l'âge de trois ans par des familles ne parlant que le français et n'ayant plus ensuite entendu ni parlé le chinois.  Le troisième sous-groupe, regroupait des filles bilingues adoptées en Chine, ayant appris le français avant l'âge de trois ans et ayant continué à pratiquer le chinois. 

Les résultats. Des IRM effectuées lors de la diffusion de ces sons ont démontré que toutes les filles qui avaient été exposées au chinois très jeunes - qu'elles aient ou non continué à parler cette langue par la suite - avaient une région de leur cerveau active qui ne l'était pas chez les sujets uniquement exposés au français. "Les représentations mentales créées dans le cerveau d'un très jeune enfant par l'apprentissage d'une langue peuvent persister à l'âge adulte malgré la perte de la capacité à la parler", concluent les auteurs de ces travaux.