Notre superamas a été cartographié

© reuters
  • Copié
Noémi Marois
SCIENCES - Le superamas, dans lequel se situe notre galaxie, est 100 fois plus grand que prévu et son étonnante structure a été analysée.

La cartographie des "continents célestes", voilà ce qu’a réussi à dessiner une équipe de chercheurs franco-israélo-américaine. Publiée jeudi dans la revue Nature et rapportée dans Le Figaro, l’étude permet d’en apprendre plus sur la manière dont les galaxies s’organisent dans l’Univers. 

>> LIRE AUSSI - Nasa, un "mastodonte" à la conquête de Mars pour 2018

Qu’est-ce qu’on savait jusque là ? Vous connaissez les fameuses matriochkas, ces poupées russes qui s’emboîtent l’une dans l’autre. Et bien, dans l’univers, c’est la même chose. Les étoiles forment les galaxies, qui elles-mêmes se groupent en amas. Enfin, plusieurs amas forment des superamas. Si cet emboîtement est connu des scientifiques depuis longtemps, ils ne connaissaient pas sa structure exacte, faute d’appareils  d'observation assez puissants.

"Laniakea", notre superamas. Grâce à une nouvelle génération de radiotélescopes construits dans les années 2000, l’équipe de chercheurs a pu dévoiler le "squelette" de l’Univers. Pour cela, ils se sont penchés sur Laniakea, le superamas où niche la Terre. 

Première surprise, une taille gigantesque. Les chercheurs ont découvert un superamas 100 fois plus gros que prévu, avec pas moins de 100.000 grosses galaxies et un million de galaxies naines. En sachant que chaque galaxie naine contient de une à 10 milliards d’étoiles, Laniakea donne le tournis. 

>> LIRE AUSSI - Galileo, les satellites envoyés sur une mauvaise orbite

Deuxième surprise, un réseau de rivières et de fleuves. Pour étudier la structure de Laniakea, les scientifiques se sont basés sur la vitesse de déplacement de 8.000 galaxies proches de notre système solaire. Ils ont découvert une organisation qui ressemble à celle d’un bassin versant.  Imaginez un réseau de plusieurs milliers de rivières se jetant dans un fleuve. Les rivières sont les galaxies. Et elles sont en mouvement. Elles se déplacent en direction du "fleuve" que les chercheurs appellent la "vallée gravitationnelle".

système solaire soleil galaxie 1280

© reuters

Notre système solaire, un grain de sable du superamas Laniakea.

Des galaxies qui avancent sans jamais atteindre leur but. Mais les galaxies se jettent-elles dans cette vallée gravitationnelle comme le font les rivières dans un fleuve ? Non. lLUnivers étant en perpétuelle expansion, les galaxies avancent en direction de la vallée gravitationnelle sans jamais l’atteindre. Les chercheurs ont donc du même coup percé l’énigme de la Voie Lactée qui avance toujours dans la même direction à 630 km/seconde. 

En tout cas, Laniakea porte bien son nom. En hawaïen, le mot signifie "incommensurable paradis".

On en saura plus à partir de 2020. Hélène Courtois, astrophysicienne de l’université de Lyon et deuxième auteur de l’étude, prévoit d’autres explorations dans les prochaines décennies : "pour franchir un nouvel ordre de grandeur et étudier un volume de l’Univers deux fois plus gros, il faudra probablement attendre la nouvelle génération d’instruments qui arrive". 

On pourra sans doute compter sur Euclid, un téléscope prévu pour 2020. Il est spatial, c'est-à-dire qu’il sera envoyé dans l’espace afin de cartographier l’Univers, ses galaxies mais aussi sa matière noire. Et Euclid aura du pain sur la planche, les auteurs de l’étude estiment que dans l’Univers, il y a de la place pour six millions de superamas.

>> LIRE AUSSI - Espace : la sonde Rosetta a rejoint sa promise, la comète Tchouri