Les jardins français envahis par des "vers géants"

Ces "vers géants" sont reconnaissables à leur tête en forme de pelle.
Ces "vers géants" sont reconnaissables à leur tête en forme de pelle. © Photo Flickr
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Une étude scientifique, réalisée grâce à plusieurs contributions citoyennes, acte l'invasion des jardins français par des "vers géants". Les scientifiques étaient jusque-là complètement passés à côté.

Pendant 20 ans au moins, leur présence a échappé aux chercheurs. Pourtant, difficile de les rater a priori. Les "vers géants", qui peuvent mesurer jusqu'à 30 ou 40 cm de long - soit la largeur moyenne d'un ordinateur portable - ont envahi les jardins français, selon une étude parue mardi dans la revue PeerJ.

Quelque 700 cas recensés. C'est un naturaliste amateur, habitant dans les Alpes-Maritimes, qui a attiré l'attention des scientifiques, et plus particulièrement de Jean-Lou Justine, professeur de parasitologie au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), à Paris. Sa photo d'un ver plat, à la tête en forme de pelle, a attiré sa curiosité en 2013. Un appel à témoins a depuis permis de recenser quelque 700 cas différents, dont le plus ancien remonte à 1999.

Surtout dans le sud de la France. La plupart de ces "vers géants", appelés aussi plathelminthes terrestres, appartiennent à deux espèces : les Bipalium kewense et les Diversibipalium multilineatum. Originaires d'Asie du Sud-Est, ils sont particulièrement présents dans le sud de la France, où les conditions météorologiques semblent particulièrement favorables à leur survie. La moitié de ces vers a en effet été observée dans les Pyrénées-Atlantiques, quand un petit tiers l'a été dans le Var et les Alpes-Maritimes.

Potentiellement immortels. L'un des motifs d'inquiétudes réside dans le fait que ces espèces ne pratiquent pas la reproduction sexuée. Concrètement, dès lors qu'ils atteignent une certaine taille, les vers perdent un petit morceau d'un ou deux centimètres à l'arrière de leur corps, donnant ainsi naissance à un nouvel individu. Ce phénomène, appelé scissiparité, rend l'invasion plus rapide. Et signifie que chaque ver est potentiellement immortel.

Une menace pour la biodiversité ? Cela pourrait donc avoir un impact réel sur la biodiversité, bien qu'il soit encore trop tôt pour l'affirmer avec certitude. Reste que ces prédateurs peuvent chasser des vers de terre 50 fois plus lourds qu'eux, selon l'étude. De quoi représenter une menace pour les autres espères présentes dans nos sols.