Thomas Pesquet a été choisi parmi 200 finalistes et va passer six mois à bord de la Station spatiale internationale. 6:40
  • Copié
O.G , modifié à
A deux jours du décollage de Thomas Pesquet, dixième Français à aller dans l'espace, l'astronaute Jean-François Clervoy, qui compte trois vols à son actif, explique à Thomas Sotto comment se passent les derniers jours sur Terre.
INTERVIEW

Alors que Thomas Pesquet décollera jeudi soir de Baïkonour au Kazakhstan pour rejoindre la station spatiale internationale, l'astronaute Jean-François Clervoy détaille à Thomas Sotto les derniers jours de préparation du dixième Français à aller dans l'espace et les raisons qui ont poussé le jury à choisir cet ancien pilote de ligne de 38 ans.

"Il est totalement prêt". Lui, est allé trois fois dans l'espace : c'était en 1994, 1997 et 1999 à bord des navettes Atlantis et Discovery. Dans deux jours, il passera le relais à Thomas Pesquet. "Il est prêt, il est serein, il a fait tout ce qu'il avait à faire", explique Jean-François Clervoy ajoutant que désormais, seuls le staff médical et les très proches peuvent approcher l'astronaute français, sous réserve d'une visite médicale. "On a passé une demie-heure avec lui, mais nous étions séparés de 1 cm de verre. On a fait des photos, des selfies où il était collé à la vitre de son côté et nous du nôtre". Un mot d'ordre : "la détente". "Il est content que nous, en tant qu'anciens, fassions attention à son vol. Qu'on vienne le soutenir et puis on échange des blagues, pas de conseils techniques, car il est totalement prêt".

JFC  TP

"Ce gars-là, je le prendrais bien dans mon équipe". De Thomas Pesquet, François Hollande a déclaré qu'il était "[notre] meilleur ambassadeur dans l'espace". Pour Jean-François Clervoy, président de Novespace, qui a fait parti du jury qui l'a choisi, c'était une évidence : "A la fin [de la sélection], j'ai dit au jury, 'vous savez, ce gars-là, je le prendrais bien dans mon équipage' ". Sélectionné parmi 200 finalistes, Thomas Pesquet présentait des qualités intellectuelles et physiques qui ne faisaient aucun doute : "Il avait un très bon répondant face à un jury qui ne lui posait pas des questions sur le beau temps et était toujours très à l'aise et maître de lui".

"Aller dans l'espace c'est une chance sur 100 d'y laisser sa peau". Pour maintenir la concentration, Jean-François Clervoy recommande au Français d'ouvrir tous les jours les checklist du lancement "pour se rafraîchir de ce qu'il va se passer pendant les neuf minutes de mise en orbite". "Aller dans l'espace reste dangereux car on estime à une chance sur 100 d'y laisser sa peau", rappelle l'astronaute qui a passé près de 28 jours dans l'espace. De son côté, Thomas Pesquet s'apprête à vivre six mois d'expériences scientifiques, notamment pour tester les effets d'un long séjour sur le corps humain.

L'espace reste dangereux et Jean-François Clervoy rappelle à cet effet qu'un décollage équivaut à 15 gigawatt : "On pourrait alimenter la moitié de la France en électricité si on pouvait convertir intégralement cette puissance développé par les moteurs en quelques minutes. C'est là qu'est le risque". Toutefois, côté russe, plus aucun incident n'est à signaler depuis 1971. 

Quant au mal du pays quand on est dans l'espace, Jean-François Clervoy a une réponse toute personnelle : "Le mal du pays c'est quand on est loin de chez soi, mais quand on fait 16 tours du monde par jour, on voit la France régulièrement, plusieurs fois par jour sous différents angles du soleil, différentes saisons. On ne peut pas s’empêcher de regarder par le hublot, de là-haut, là où on est né, là où on est parti en vacances".