Des traces de vie détectées près d'une étoile lointaine

© HO / ESA/HUBBLE / AFP
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Noémi Marois
SCIENCE - Pour la première fois, une molécule à base de carbone a été détectée en-dehors de notre système solaire, près d'une jeune étoile.

C'est une découverte à la fois inattendue et inédite. Des scientifiques de l'observatoire européen austral ont détecté, près d'une étoile située hors de notre système solaire, des conditions propices au développement de la vie. Une étude publiée dans la revue Nature explique en effet qu'une molécule à base de carbone a été trouvée dans un système stellaire en formation, situé à 455 années-lumière de notre planète. Inédite car c'est la première fois qu'une telle découverte est faite. Inattendue car les scientifiques pensaient que seuls les vieux systèmes stellaires pouvaient développer ce genre de molécules.

Du cyanure, "brique" élémentaire de vie. L'étoile MWC 480 n'avait en apparence rien de particulier sauf que son disque de gaz et de poussières, actuellement en formation autour d'elle, cache un véritable trésor pour les humains que nous sommes. Des scientifiques y ont en effet découvert du cyanure de méthyle et du cyanure d'hydrogène à des concentrations similaires à celles de notre système solaire. 

Quel lien avec l'apparition de la vie? Ces molécules de carbone sont une clef pour la formation d'acides aminés, ces composés chimiques qui permettent à notre métabolisme de fonctionner. Les protéines ou la glutamine en sont par exemple composées.

Les jeunes aussi sont cap'. Jusqu'à cette découverte, les scientifiques n'avaient observé ces "briques" élémentaires de vie que dans notre système solaire et s'ils se préparaient à en découvrir un jour à l'extérieur, ils ne supposaient pas qu'une jeune étoile se porterait candidate. 

Dans les jeunes systèmes stellaires, les nombreux chocs et radiations peuvent en effet casser les liens chimiques, empêchant la formation de molécules. Une supposition que les scientifiques doivent désormais réviser car la jeune MWC 480 vient d'apporter la preuve du contraire. 

Une petit air de famille avec… notre système solaire. Pour expliquer la formation de la chimie dans l'Univers, les astronomes se tournent vers les comètes et les astéroïdes. C'est en tout cas elles qui sont soupçonnées d'avoir apporté la vie dans notre système solaire en y déposant de l'eau et des molécules organiques. L'analyse du disque de MWC 480 prouve désormais qu'une chimie identique peut prospérer ailleurs dans l'Univers.

Les humains ne sont "pas spéciaux". "Grâce à l'étude des exoplanètes, nous savons que le système solaire n'est pas unique en son genre, que ce soit pour son nombre de planètes ou par l'abondance de l'eau", explique l'astronome Karin Öberg, un des responsables de l'étude. "Nous savons maintenant que nous ne sommes pas uniques en ce qui concerne la chimie organique. Une fois de plus, nous avons appris que nous ne sommes pas spéciaux. Du point de vue de l'Univers, c'est une grande nouvelle", a-t-elle ajoutée. 

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