Climatisation : pourquoi les femmes sont plus frileuses ?

thermometre 1280x640
© PHILIPPE HUGUEN / AFP
  • Copié
Les appareils de climatisation sont calibrés sur un modèle conçu dans les années 1960 à partir du métabolisme des hommes.

Les températures estivales ne vont jamais sans l'arrivée simultanée de la climatisation. Dans la voiture, dans les transports en commun, au bureau et même parfois à la maison, elle soulage mais peut aussi faire naître une véritable guerre des sexes. La raison ? Les femmes sont souvent plus frileuses. Le sujet a paru assez sérieux aux yeux de deux scientifiques qui se sont penchés sur cette différence de ressenti. Leur étude, publiée lundi dans la revue Nature Climate Change et rapportée par le New-York Times, démontre que mettre fin à cette inégalité serait bon... pour l'environnement.

La chaleur émise par les femmes surestimée de 35%. Première constatation des deux chercheurs issus de l'Université de Maastricht aux Pays-Bas, la conception actuelle des appareils de climatisation se base sur "un modèle de confort développé dans les années 1960". Les facteurs alors pris en compte étaient logiquement la température et la vitesse de l'air, la présence de vapeur et l'isolation des vêtements. Mais une des variables de la formule était aussi la prise en compte du métabolisme humain au repos. Pour cette dernière mesure, c'est celui d'un homme de 40 ans pesant 70 kilos qui a été retenu.

Si à l'époque, ce profil correspondait à la population majoritaire des entreprises, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Or, à cause de leur plus petite taille et de leur graisse corporelle plus importante, les femmes ont un métabolisme différent, rappelle l'étude. Pour les deux chercheurs Boris Kingma et Wouter Van Marken Lichtenbelt, le modèle des climatiseurs "surestime de 35% la production de chaleur au repos des femmes".  

Les tenues estivales en question. Les deux auteurs se sont aussi penchés sur les vêtements portés au bureaux par les hommes et les femmes. Un des scientifiques qui a commenté l'étude relève par exemple que les hommes continuent de porter en été des costumes cravates. Les femmes, elles, passent aux jupes et aux sandales. De quoi aggraver la différence de ressenti de la clim' entre sexes. Mais là, pas de solution selon Boris Kingma : "s'il fait trop chaud, vous pouvez enlever un vêtement . Mais vous pouvez aussi demander à garder des bureaux froids et attendre des femmes qu'elles mettent juste des vêtements plus chauds".

FRED DUFOUR / AFP

Changer les règles… Les deux biologistes proposent, afin de mettre fin à ce problème, de changer tout simplement la formule datant des années 1960. En faisant des expériences sur un groupe de 16 femmes de 20 ans, ils ont conçu un nouveau modèle qui prend en compte le métabolisme des femmes en plus de celui des hommes mais aussi la capacité des tissus humains à nous protéger du froid en plus de celle des vêtements. Sans pour autant rêver mettre fin aux conflits entre collègues autour de la climatisation. 

… pour limiter la pollution. "Réduire la discrimination thermique entre les sexes", rapportent les auteurs, permettrait aussi de soulager la planète. "Dans de nombreux bureaux, la consommation d'énergie est beaucoup plus élevée puisque le standard est calibré sur la chaleur produite par les hommes. Si vous avez une vision plus précise des besoins des gens qui y travaillent, vous pourriez gâcher beaucoup moins d'énergie et cela veut dire que les émissions de dioxyde de carbone est plus basse", précise Boris Kingma.