5 questions autour de Kepler-452b, la sœur de la Terre

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© T. Pyle / NASA / AFP
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avec Martin Feneau , modifié à
Si Kepler-452b contient peut-être de l'eau liquide, rien ne dit que la vie y existe. Seuls des télescopes plus puissants pourront nous en apprendre plus sur cette sœur de la Terre.

Une première. Voilà comment on pourrait qualifier la découverte de la Nasa. L'agence spatiale américaine a déclaré jeudi avoir découvert, via son télescope Kepler, une exoplanète semblable à notre Terre, située à 1.400 années-lumière. Kepler-452b n'est cependant pas pour autant une zone habitée. Europe 1 fait le point sur cette découverte époustouflante avec le physicien Christophe Galfard et Alain Cirou, expert science d'Europe 1 et directeur de la rédaction de Ciel et Espace.

Pourquoi Kepler 452-b est-elle une découverte inédite ?

Si Kepler-452b suscite un intérêt particulier, c'est qu'elle n'a rien à voir avec les autres exoplanètes, ces corps célestes ressemblant à la Terre mais situés en-dehors de notre système solaire. Christophe Galfard, physicien, explique au micro d'Europe 1 qu'"au départ, les planètes détectées étaient des planètes incomparablement plus grandes que la Terre, plutôt faites de gaz, donc, pas du tout bonnes pour la vie".

Depuis 1995 et la découverte de la première planète en-dehors de notre système solaire, c'est pas moins de 2.000 exoplanètes qui ont été dénichées par les télescopes. Dans le tas, les scientifiques ont dénombré une douzaine de planètes "cousines" de la Terre. Rocheuses, elles sont cependant éclairées par des étoiles au rayonnement bien plus faible que celui du Soleil. Avec Kepler-452b, proche d'une étoile qui rayonne à plein régime, on franchit donc un nouveau cap. "Là, peut-être qu'on vient de découvrir une sœur de la Terre", se réjouit Christophe Galfard.

Le télescope Kepler : 

capture d'écran

Abrite-t-elle de l'eau ?

Il y a de fortes chances. Pour le moment cependant, les scientifiques n'en ont pas la preuve formelle. Mais ce dont ils sont sûrs, c'est que cette exoplanète réunit les conditions pour avoir de l'eau à l'état liquide à sa surface. "Elle fait quasiment la bonne taille et son étoile est semblable au soleil", résume le physicien. Kepler-452b fait en effet cinq fois la masse de la Terre. Un poids idéal puisque trop massive, une planète contient de grosses proportions de gaz et trop petite, une planète n'a pas de cœur liquide et ne peut donc avoir de champ magnétique pour se protéger de l'extérieur.

Kepler-452b orbite aussi autour de son étoile "qui ressemble au Soleil, dite de type solaire", explique Alain Cirou, spécialiste de l'Univers. De plus, "elle tourne en 385 jours, ce qui veut dire qu'elle est à une distance telle que on peut considérer que l'eau y est à l'état solide, liquide et gazeux", ajoute cet expert.

Pourrait-on y découvrir de la vie ?

Là encore, impossible d'apporter une réponse. Lancé en 2009, le télescope américain Kepler n'est pas capable de fournir des photos détaillées de la surface de Kepler-452b qui pourrait nous en dire plus sur sa surface.

Mais pour les scientifiques, cette exoplanète est située dans "une zone d'habitabilité", rapporte Alain Cirou. Mais il ne s'agit pas pour autant d'une zone habitée.  "Peut-être qu'il y a de la vie là-bas, peut-être pas. On n'en sait rien encore mais on a là une candidate pour l'apparition de la vie extraterrestre dans l'Univers", résume le physicien Christophe Galfard.

Et si la vie existe sur Kepler-452b, les scientifiques seraient bien en peine d'imaginer à quoi elle ressemblerait. Mais pour Alain Cirou, rien n'empêche de faire des hypothèses : "si Kepler-452b a de l'eau, une atmosphère, une tectonique ou une activité volcanique, ce qui s'est passé sur la Terre il y a 4,5 milliards d'années a peut-être pu arriver dans cet environnement".

Enfin, pouvons-nous espérer qu'un jour Kepler 452-b nous parle ? "On a déjà pointé des télescopes pour voir, si par hasard, on ne recevrait pas des petits signaux de gens là-bas, on n'en a pas trouvé encore", rapporte le physicien Christophe Galfard.

Pourrait-on y envoyer des humains ?

Inutile de rêver, ni les humains vivants aujourd'hui, ni ceux de demain, ne pourront se rendre sur cette planète, située trop loin de nous. Or, les moyens actuels de propulsion ne sont même pas capables d'envoyer des humains aux confins de notre propre système. L'aventure la plus lointaine et la plus récente, qui remonte à 1972, s'est limitée à la Lune, située à 390.000 km. Et les projets d'envoyer des humains sur Mars, située à 225 millions de km, se révèle être un casse-tête pour leur transport. Kepler-452b, elle, est située à 1.400 années-lumière... soit 12.600 milliards de km. 

Pour le moment, seuls des robots foulent le sol de Mars. Ici, Curiosity arrivé sur la planète rouge en août 2012 :

curiosity, mars

© Reuters

Une sonde approchera-t-elle un jour Kepler-452b ?

Là encore, ne rêvons pas. New Horizons, la sonde la plus rapide jamais envoyée dans l'histoire spatiale, a atteint Pluton le 14 juillet dernier après 9 ans et demi de voyage. Et s'il fallait l'envoyer visiter Kepler-452b, "il lui faudrait 18 millions d'années", calcule Alain Cirou.

Les scientifiques peuvent seulement espérer mieux observer Kepler-452b à l'avenir. Ils pourront compter pour cela sur les futurs télescopes. La Nasa, en partenariat avec l'Agence spatiale européenne, prépare le lancement pour 2018 du télescope James Webb. Gros bébé de près de 8 tonnes, son miroir, grand de 7 mètres, pourra capter 70% de lumière en plus que le télescope Hubble et sera capable de capter des infra-rouges. De quoi en apprendre bien plus sur Kepler-452b et sur bien d'autres exoplanètes.