Vivre centenaire oui, mais dans quel état de santé ?

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La France pourrait compter en 2070 treize fois plus de centenaires qu'aujourd'hui. © GUILLAUME SOUVANT / AFP
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A.H.
Les centenaires n'ont jamais été aussi nombreux dans le monde. Mais l'augmentation de l'espérance de vie va de pair avec la hausse des maladies neurodégénératives.

La France pourrait compter en 2070 treize fois plus de centenaires qu'aujourd'hui, tandis que la population âgée de 75 ans ou plus serait deux fois plus nombreuse, selon l'Insee. Une bonne nouvelle a priori… Encore faut-il vivre en bonne santé. Car le revers de la médaille, c'est l'explosion des pathologies liées au vieillissement lui-même. En première ligne : la maladie d'Alzheimer.

1,5 million de malades d'Alzheimer en France dans 30 ans ? "Le premier facteur de risque de la maladie d'Alzheimer, c'est l'âge", confirme le gériatre Olivier de Ladoucette, gériatre à la Pitié-Salpetrière à Paris et président de la Fondation Ifrad pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer. En effet, après 65 ans, la fréquence de la maladie s’élève à 2 à 4 % de la population générale, jusqu'à atteindre 15 % à 80 ans. En France, environ 900.000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en 2016. Compte tenu de l'augmentation de l'espérance de vie, ce nombre devrait augmenter "de 50% à 100%", indique le spécialiste. "Si on ne trouve pas de solutions, il y a aura au moins 1,5 million de malades d'ici 30 ans", prévient-il. De son côté, l'OMS est plus alarmiste : "le nombre de personnes atteintes de démences devrait presque doubler tous les 20 ans".

Les spécialistes ont toutefois l'espoir de découvrir des traitements efficaces dans les prochaines années. "Sinon, cela va devenir très problématique de gérer le nombre de malades", craint le Docteur de Ladoucette. En effet, les maladies neurodégénératives comme Alzheimer engendrent une forte dépendance chez les personnes touchées et les structures d'accueil manquent encore en France.

Traités, les malades vivent plus vieux. En revanche, à âge constant, le risque de développer un Alzheimer diminue génération après génération. "Cela signifie qu'une personne de 80 ans aujourd'hui a moins de risque d'avoir Alzheimer qu'une personne de 80 ans il y a 20 ans", précise le gériatre Olivier de Ladoucette. L'espérance de vie après le diagnostic de la maladie est en moyenne de 8,5 ans. "Mais la prise d'un traitement ralentissant les effets d'Alzheimer fait monter l'espérance de vie de trois à quatre ans", affirme le gériatre.

Davantage de cancers. La maladie d'Alzheimer n'est pas la seule à frapper les personnes à mesure qu'elles vieillissent. D'ici 20 à 30 ans, on peut s'attendre à une hausse des cancers, pathologies fortement corrélées à l'âge. Parallèlement, les progrès de la médecine devraient être considérables. D'ici 2070, "on peut imaginer que le cancer sera devenu une maladie chronique", avance de son côté le chirurgien Laurent Alexandre

À l'avenir, le traitement de ces pathologies sera un enjeu déterminant pour une espérance de vie en bonne santé.