Le tiers payant généralisé a du plomb dans l'aile

© PHILIPPE HUGUEN/AFP
  • Copié
et Eve Roger , modifié à
Devant les difficultés, le gouvernement pourrait reculer sur la mesure phare du projet de loi santé qui prévoyait la généralisation du tiers payant d'ici 2017.

Le gouvernement s’apprêterait à reculer sur la généralisation du tiers payant d'ici 2017, affirme le quotidien Les Echos. Cette disposition, prévue dans le projet de loi santé, inquiète en effet les principaux syndicats de médecins. Très remontés contre la mesure, ils ont annoncé une manifestation deux jours avant l'examen du texte par les députés en commission, le 17 mars. 

Les craintes des médecins.  Avec la généralisation du tiers payant, le patient n'aurait pas à débourser les 23 euros de la consultation. Le médecin serait quant à lui remboursé d'un côté par l'Assurance maladie et de l'autre, par les régimes complémentaires. Or, les médecins craignent les retards de paiement. En clair, ne pas se faire rembourser rapidement le prix de la consultation par la Sécurité sociale mais aussi par les mutuelles, voire se faire rejeter le paiement.

Un groupe de travail, mis en place par le ministère de la Santé, s'est penché sur les dysfonctionnements provoqués par le tiers payant pour les praticiens, côté Sécurité sociale. A deux semaines de la date limite de dépôt des amendements, "un parfum de capitulation flotte dans l’air", souligne donc Les Echos. 

Des difficultés sur plusieurs fronts. Le groupe de travail donne du grain à moudre aux médecins : selon les experts, même le remboursement de la part Sécurité sociale (15 euros sur 23) risque d'être compliqué. Si un patient déménage par exemple et change de département, il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant que ses droits ne suivent... et le remboursement avec. Même difficulté s'il change de régime de sécurité sociale ( et il en existe 25 aujourd'hui).

Mais ce n'est pas tout : le groupe de travail ne s'est toujours pas encore penché sur le problème le plus épineux, celui du remboursement des médecins par les mutuelles. Eux craignent d'être obligés d'aller frapper aux 600 guichets - c'est le nombre de mutuelles en France -  pour se faire rembourser, ce qui n'est pas leur métier

Une solution ? Le principal syndicat de médecins a proposé une solution : la carte bleue santé à débit différé. Le patient paierait dans le cabinet du médecin, comme actuellement, mais la somme ne serait débitée que plus tard, une fois remboursée par la Sécu et la mutuelle. Cependant, pour l'instant, rien n'est fait...

Les "garanties" du ministère. Même s'il n'a jamais été dit que le tiers payant serait obligatoire, l'inquiétude des professionnels monte. Pour les rassurer, la ministre de la Santé a déjà dit que ceux qui n'appliqueraient pas le tiers payant ne seraient pas sanctionnés. mais les praticiens savent qu'un patient à qui Marisol Touraine promet un tiers payant depuis près d'un an ne comprendrait pas que le médecin le leur refuse.

>> A LIRE AUSSI - Généraliser le tiers payant, plus compliqué que Philae ?

>> A LIRE AUSSI - Tiers-payant généralisé : Hollande pose une condition

>> A LIRE AUSSI - Ce qu'il faut savoir sur le projet de loi santé