Vaccin contre la grippe : que dire à votre grand-mère réfractaire ?

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ARGUMENTATION - Les personnes jugées à risque ne se font pas assez vacciner contre la grippe. 

Le bilan de la dernière épidémie de grippe est lourd. Elle a contribué à une surmortalité hivernale record de 18.300 décès en France, selon le bilan définitif de l'Institut de veille sanitaire (InVS). Certes, le vaccin n'a pas été aussi efficace que prévu mais surtout, il n'y a toujours pas assez de personnes vaccinées. Seules 47% des personnes jugées à risque se sont fait vacciner l'an dernier. Un chiffre encore très insuffisant selon les autorités sanitaires. Et le dernier sondage sur la prochaine campagne de vaccination ne devrait pas vraiment les rassurer. D'après cette enquête, publiée lundi par Le Figaro, 7 Français sur 10 restent encore très réfractaires à la piqûre. 

>> Si votre grand-mère refuse, elle aussi, de se faire vacciner contre la grippe, voici quelques conseils pour tenter de la convaincre.

ACTE I : EXPLIQUER QUE LE VACCIN EST SÛR

Les personnes âgées (+ de 65 ans) ont été particulièrement touchées par l'épidémie de grippe. Et pourtant, ces personnes jugées à risque sont toujours très réfractaires au vaccin. "Le vaccin contre la grippe a toujours été mal-aimé", explique Patrick Zylberman, membre du Haut conseil de la Santé publique. "Les Français se demandent toujours ce qu'on leur injecte et n'ont généralement pas confiance". "Il faut bien expliquer aux personnes encore sceptiques que le vaccin est sûr", reprend tout de suite Bruno Lina, responsable du centre de référence sur la grippe à Lyon.

Les idées reçues et les rumeurs font beaucoup de mal à la campagne de vaccination, nous confie-t-on à l'Institut de veille sanitaire. "Certaines personnes sont encore persuadées que le vaccin contre la grippe peut provoquer un syndrome de Guillain-Barré alors que cela n'a jamais été prouvé", peste Patrick Zylberman. "Nous avons une expérience de 50 ans sur la vaccination contre la grippe", poursuit Bruno Lina.  

ACTE II : ÉVOQUER LES DANGERS DE LA GRIPPE

Dépendance

"Avant même de demander si le vaccin est efficace, les gens s'interrogent sur les éventuels effets secondaires", s'étrangle encore Patrick Zylberman. Comme si les gens redoutaient davantage l'aiguille que la maladie elle-même. "Historiquement, la grippe a toujours été perçue comme une maladie bénigne", explique Patrick Zylberman. "Les gens se disent très simplement : 'je ne vais quand même pas me faire vacciner pour une toute petite grippe'". Sauf que la grippe tue chaque année 1.500 à 2.000 personnes. Des chiffres qui pourraient finir de convaincre votre grand-mère encore réfractaire.

"Et quand il ne tue pas, le virus peut faire entrer des personnes en dépendance", prévient Bruno Lina, du centre de référence sur la grippe. "Quand on fait l'inventaire des causes de perte d'autonomie, la grippe est de loin le premier responsable". Autrement dit, ce sont des personnes âgées qui sont en relativement bonne santé et qui ne récupèrent pas après la maladie.

ACTE III : "SE PROTÉGER, C'EST AUSSI PROTÉGER LES AUTRES"

Votre grand-mère est toujours dubitative ? Avancez l'argument de la solidarité. "C'est une vaccination individuelle mais aussi collective", assure Bruno Lina. "Quand on se vaccine, on se protège soi-même mais on protège aussi les autres". Si votre grand-mère refuse de se faire vacciner parce qu'elle ne craint pas grand-chose, essayez de lui expliquer qu'elle peut être contagieuse pour son entourage.

Et puis, vous pouvez toujours avancer l'argument de la sagesse. "Il faut bien faire comprendre aux gens que la vaccination n'est pas un aveu de faiblesse", détaille encore Bruno Lina. "Pour rester en bonne santé, il faut se faire vacciner au même titre que d'autres règles d'hygiène basiques comme la pratique du sport ou soigner son alimentation".

ACTE IV : S'APPUYER SUR LES MÉDECINS  

Si votre grand-mère n'est toujours pas convaincue, envoyez-la chez son médecin traitant. Mais là aussi, ça peut parfois coincer. Et pour cause, le personnel soignant ne montre pas toujours le bon exemple. Selon une étude de l'InVS publiée en 2009, seuls 55% des médecins et 24% des infirmiers s'étaient vaccinés. "Ce sont les meilleurs avocats pour la vaccination, il faut donc absolument les reconquérir", juge Patrick Zylberman, membre du Haut conseil de la Santé publique. "Car s'il existe une méfiance généralisée envers les pouvoirs publics, il existe une réelle relation de confiance entre les Français et le personnel soignant". En gros, si mamie peste contre le message du gouvernement, elle pourra plus facilement se laisser séduire par son médecin de quartier.