Un rapport sur la santé en prison pointe "d'importantes insuffisances"

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G.S. avec AFP
Le rapport de l'IGAS sur la politique de santé des personnes incarcérées, publié mercredi, jette une lumière crue sur les carences du système médical en prison.

Méconnaissance de l'état de santé des détenus, offre de soin disparate et insuffisante : un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur la politique de santé des personnes incarcérées, publié mercredi, jette une lumière crue sur les carences du système médical en prison.

Une offre de soin "disparate et insuffisante". Les auteurs ont passé en revue l'offre de soins en détention qu'ils jugent "disparate et encore insuffisante". "Incontestablement un effort important de renforcement des moyens humains dans les unités sanitaires a été réalisé de 1997 à 2013 avec un doublement des effectifs du personnel de santé. Toutefois, dans le même temps, la population carcérale à augmenté de 25%", soulignent-ils. 

"En dépit de cet accroissement, d'importantes disparités et insuffisances dans l'offre de soins ont été constatées", liées d'abord à des difficultés de recrutement pour plusieurs catégories de personnel de santé. Ainsi, 22% des postes de spécialistes budgétés ne sont pas pourvus, 15,5% des postes de psychiatres avec des effets de concentration dans certaines unités sanitaires en milieu pénitentiaire (USMP).

Seules 12 unités indiquent couvrir à 100% leur postes de kinésithérapeutes pour lesquels 25% des postes ne sont pas pourvus. Pour les dentistes, 21 USMP ont fonctionné avec moins de 50% de leurs postes budgétés. "Au regard de ces difficultés, le développement de la télémédecine en milieu carcéral est nécessaire et pertinent", jugent les rapporteurs pour qui cela ne doit cependant "rester qu'une modalité complémentaire d'accès aux soins".

Des informations trop anciennes. Les données disponibles sur la santé des détenus "sont anormalement anciennes", regrettent d'emblée les rapporteurs, après avoir décrit l'état clinique édifiant de la population carcérale, telle qu'elle était analysée dans des études des années 2001 à 2004. A ces dates, un entrant sur dix en prison était orienté vers une consultation de psychiatrie à l'issue de l'examen clinique d'accueil, plus de la moitié des détenus avait un antécédent de troubles psychiatriques et un entrant sur six avait déjà été hospitalisé en psychiatrie.

Les pathologies et troubles mentaux étaient surreprésentés en milieu carcéral : un détenu sur 25 était diagnostiqué schizophrène (soit quatre fois plus que la population générale), plus d'un détenu sur trois était dépressif, un sur dix atteint de dépression mélancolique à haut risque de suicide, un sur six avait une phobie sociale et un sur trois une anxiété généralisée. "Le plan d'actions stratégiques 2010-2014", relatif à la politique de santé des détenus, "avait déjà identifié cette carence et érigé l'amélioration des connaissances et le suivi épidémiologique en priorité", indique les rapporteurs qui insistent à leur tour sur "l'absolue nécessité de réaliser de nouvelles études".