Un pancréas artificiel autorisé à être vendu aux Etats-Unis

Pancréas artificiel
MiniMed 670G, le pancréas artificiel de Medtronic © Medtronic
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Il s'agit d'une première mondiale : les Etats-Unis ont autorisé la commercialisation d'un pancréas artificiel. Que va-t-il se passer maintenant ?

C'est un immense pas en avant dans l'histoire de la lutte contre le diabète. Et un immense espoir pour les 22 millions de patients atteints de diabète de type 1 dans le monde (300.000 en France). L'agence fédérale américaine (FDA) a autorisé la commercialisation d'un pancréas artificiel aux Etats-Unis. Une première dans le monde, que pourrait bientôt imiter la France.

A quoi sert un pancréas artificiel ? Le pancréas libère de l'insuline dans le sang, une hormone qui régule le taux de sucre. Sans insuline, un être humain peut tomber dans le coma, voire mourir. Les diabétiques de type 1, eux, ont un pancréas quasiment en panne, qui ne produit plus d'insuline. Il ne leur suffit pas de surveiller leur alimentation pour être en bonne santé : ils doivent s'injecter de l'insuline en permanence, et la réguler. S'ils en manquent, ils risquent de tomber dans le coma. S'ils s'en injectent trop, ils risquent de tomber dans le coma. Voire de mourir.

Depuis une vingtaine d'années, la vie des patients atteints de diabète de type 1 a certes été grandement facilitée, grâce à la commercialisation des pompes à insuline. Les premières versions permettaient aux patients de s'injecter de l'insuline via une piqûre sur le doigt. Les secondes versions, plus récentes, équipées de capteurs, permettent d'envoyer des doses d'insulines régulières sans avoir besoin de se piquer. Mais les patients doivent eux-mêmes calculer la dose à envoyer en continue. Or, à en croire un sondage récent de la Fédération française des diabétiques, la dose n'est pas toujours facile à fixer : 25% des diabétiques de type 1 s'enverraient trop d'insuline et feraient de l'hypoglycémie (manque de sucre) au moins cinq fois par semaine. Et 8% des sondés déclaraient même faire au moins un coma par an. 

L'arrivée du pancréas artificiel devrait encore davantage faciliter la vie des malades. Le dispositif fonctionne grâce à un capteur à insérer sous la peau, mesurant le niveau de glucose (sucre) en temps réel, et calculant la dose d'insuline à injecter en fonction, grâce à un système d'intelligence artificielle, un algorithme. "Ce dispositif peut fournir aux patients atteints de diabète de type 1 une plus grande liberté, puisqu'ils n'ont plus à surveiller constamment et manuellement les niveaux de glucose de référence et d'administrer l'insuline", a déclaré Jeffrey Shuren, l'un des directeurs scientifiques de la FDA, l'autorité sanitaire américaine.

Seule contrainte : les patients devront ajuster la dose d'insuline à injecter 10 minutes avant un repas particulièrement gras, ou 30 minutes avant une séance de sport. A terme, promettent les fabricants, cette contrainte devrait disparaître. En attendant, le pancréas artificiel sera relié à un écran, sur lequel apparaîtront en temps réel les taux de glycémie et d'insuline, afin que le patient sache où il en est avant d'ajuster la dose.

Quand les patients pourront-ils l'acheter ? La commercialisation, même aux Etats-Unis, est encore loin d'être gagnée. Medtronic, le groupe irlandais qui a acquis l'autorisation de commercialisation chez l'Oncle Sam, a dû réaliser un essai clinique auprès de 123 patients pour recevoir cette autorisation de la FDA. Mais l'entreprise doit désormais vérifier à plus grande échelle que son pancréas n'est pas dangereux, notamment pour les enfants/ pré-adolescents. Il s'agit de s'assurer que le pancréas artificiels n'irrite pas la peau, ou qu'il ne provoque aucune hypoglycémie par exemple. Selon Medtronic, vue l'avancée des expérimentations, les premiers pancréas artificiel devraient être commercialisés aux Etats-Unis en 2017.

Et en France ? Trois groupes sont en lice pour la commercialisation d'un pancréas artificiel : Medtronic, l'Américain Bigfoot et le Français Diabeloop. Ce dernier semble particulièrement avancé dans son opération séduction des autorités sanitaires françaises. Il doit entamer en 2017 une étude sur 100 patients qui le testeront à domicile. 36 l'avaient déjà fait en 2016. Et plusieurs expérimentations concluantes ont déjà eu lieu dans des hôpitaux, à Caen et Montpellier. Le groupe espère recevoir l'autorisation autour de 2017/2018, pour commercialiser son pancréas artificiel dès 2018. Selon Le Monde, il devrait coûter environ 9.500 euros par an et par patient (achat du matériel, entretien, recharge etc.), soit 10% de plus qu'une pompe à insuline. Pour s'ouvrir un marché digne de ce nom, la société doit encore convaincre l'Assurance maladie que le pancréas artificiel offre un meilleur traitement que les autres existants, afin que celui-ci soit remboursé par la Sécurité sociale. Diabeloop espère, avec de nouveaux tests, pouvoir convaincre la "Sécu" en 2019.