Un médicament contre l'alcoolisme pour lutter contre le Sida ?

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N.M. avec AFP
Associé à d'autres médicaments, il permettrait de "réveiller" le virus, première étape avant sa destruction, selon une étude. 

Un médicament utilisé pour traiter l'alcoolisme associé à d'autres substances pourrait contribuer à l'élimination du virus du sida chez les séropositifs traités, selon une étude publiée lundi dans la revue médicale en ligne, The Lancet HIV. Le VIH depuis son apparition a fait 34 millions de morts. Fin 2014, 36,9 millions de personnes vivaient avec ce virus. 

"Réveiller" le virus pour mieux le détruire. Le médicament, appelé disulfiram (noms de marque selon les pays: Antabuse, Esperal...), réveille le virus dormant dans l'organisme infecté, permettant ainsi de le détruire ainsi que les cellules qui l'hébergent, et ce, sans effets secondaires, notent les auteurs de l'étude. Actuellement un traitement antirétroviral (ART) contrôle le virus mais ne permet pas de s'en débarrasser. Le virus reste en effet tapi dans le corps de personnes traitées. "Réveiller" le virus dormant est une stratégie prometteuse pour débarrasser les patients du VIH. Mais "réveiller le virus est seulement la première étape pour l'éliminer", souligne Julian Elliot, directeur de la recherche clinique dans le service des maladies infectieuses à l'hôpital Alfred à Melbourne en Australie, premier auteur de l'étude. "Maintenant, nous devons travailler sur la façon de se débarrasser des cellules infectées", ajoute-t-il.

Pas d'effets néfastes. D'autres médicaments ont également été testés pour s'attaquer au réservoir de VIH, mais sans grand succès, ou ils se sont avérés toxiques. Dans l'essai clinique conduit par Sharon Lewin, directeur de l'Institut Doherty à Melbourne, 30 personnes sous traitements antirétroviraux ont reçu des doses croissantes de disulfiram sur une période de trois jours. A la dose la plus élevée, une stimulation du VIH dormant, sans effets indésirables sur les patients, a été obtenue, selon les auteurs.

Pas un traitement miracle. "Le résultat obtenu reste insuffisant", dit le Pr Brigitte Autran, experte d'immunologie et du sida de l'Université Pierre et Marie Curie/Inserm à Paris et co-auteur d'un commentaire accompagnant l'article. "On est encore très loin d'avoir trouver la solution pour obtenir une vraie guérison des patients séropositifs et même une rémission qui leur permettrait de se passer de traitement", ajoute la spécialiste.