Un médecin traitant pour les enfants : la mauvaise idée ?

Les parents vont bientôt devoir choisir un médecin traitant pour leurs enfants.
Les parents vont bientôt devoir choisir un médecin traitant pour leurs enfants. © MAXPPP
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Damien Brunon et Mélanie Taravant , modifié à
SANTE - La loi sur la Santé prévoit d’obliger les parents à recourir à un médecin unique. Une idée qui ne plaît pas aux pédiatres et à certains parents.

L’INFO. Qui doit soigner les enfants en premier lieu, les pédiatres ou les généralistes ? Alors que le projet de loi sur la santé présenté jeudi prévoit de réformer le parcours de soin des mineurs âgées de 0 à 16 ans, la question fait grincer des dents. Selon le nouveau texte, les parents seront en effet dans l’obligation de déclarer un médecin traitant pour leur progéniture, comme les adultes donc. La décision ne fait pas l’unanimité, notamment chez les pédiatres qui héritent pour l’instant d’une bonne partie des consultations pour les enfants.

Quelle est la situation actuelle ? “Les enfants de moins de 16 ans ne sont pas concernés par le parcours de soins coordonnés”, rappelle le site de l’assurance maladie. Concrètement, les parents n’ont aucune obligation de déclarer un médecin référent particulier pour leurs enfants. Ils n’ont donc pas besoin, comme ils le font pour eux, de passer par un généraliste pour avoir ensuite accès à un spécialiste.

Pas de bon diagnostic en treize minutes. Ce qui inquiète le plus les pédiatres, c’est qu’on ne peut pas soigner des enfants de la même façon que des adultes. Selon eux, en emmenant son enfant voir un médecin généraliste, on risque de passer à côté de certaines pathologies. “A l’occasion d’une rhinopharyngite ou d’une consultation pour une vaccination, beaucoup d’autres sujets sont abordés, comme les problèmes de nutrition, de scolarité, de difficulté de lecture”, avance Amin Arsan, pédiatre depuis plus de trente ans, au micro d’Europe 1.

Prendre du temps, c’est donc la méthode pour faire une bon diagnostic pour un enfant. “C’est comme cela qu’il n’y a pas longtemps, nous avons repéré dans mon cabinet un enfant autiste alors que la famille était venue pour le bébé. Tout ceci ne se règle pas en douze à treize minutes, ce qui est la consultation moyenne en médecine générale”, tranche le spécialiste.

Une question de marché. Il faut aussi dire que ce que craignent les pédiatres, c’est de perdre une part substantielle de leur clientèle.  Vu qu’à l’heure actuelle, il n’est pas besoin de passer devant un généraliste pour avoir accès au spécialiste, de nombreux parents prennent directement rendez-vous chez les pédiatres. Avec la réforme, ces derniers craignent tout simplement de perdre un tiers de leur clientèle. Et même si les parents auront la possibilité de choisir un pédiatre comme médecin de référence, pas sûr que les familles fasse ce choix là.

Avoir le choix du médecin. Mais il n’y a pas que les spécialistes qui craignent les effets de la réforme sur le suivi de la santé des enfants. Certains parents préfèrent avoir le choix de la personne qu’ils veulent aller voir. “Pour ma fille qui a de l'eczéma, par exemple, je me suis dit que j’irais voir un autre médecin parce que celui que j’ai lui donne des crèmes et ça ne passe pas. D’où l’intérêt d’avoir plusieurs médecins et de n’être donc pas rattaché à un seul médecin”, confie Lise, mère d’une petite Olga de neuf mois, au micro d’Europe 1.

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