Un gène dans le cœur pour remplacer le pacemaker ?

Un gène dans le cœur pour remplacer le pacemaker ?
Un gène dans le cœur pour remplacer le pacemaker ? © maxppp
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Noémi Marois avec AFP , modifié à
SANTÉ - Implanter un gène dans le cœur pourrait avoir le même effet qu'un pacemaker selon des chercheurs américains. Un pas de plus dans les progrès de la thérapie génique ?

"C'est une nouvelle ère pour la thérapie génique" selon Eduardo Marban, directeur de l'Institut cardiaque du Cedars-Sinaï. Des chercheurs de cet institut ont réussi à introduire un gène dans une partie du cœur pour améliorer son battement. L'étude rapportée dans la Science Translation Medicine a été faite sur des porcs mais suscite l'espoir chez les personnes atteintes de maladies cardiaques. Cette thérapie génique leur permettra-t-elle bientôt de se passer de pacemaker ?

Une zone cardiaque de la taille d'un grain de poivre. La méthode est issue de la thérapie génique. Elle consiste à utiliser les acides nucléides, c'est-à-dire l'ADN, pour soigner ou prévenir des maladies. Dans ces tests portant sur des porcs souffrant de maladies cardiaques, le gène TBX18 a été introduit dans une partie de la chambre pompante du cœur, de la taille d'un grain de poivre. 

TBX18 fait battre le cœur. Ce gène a la capacité de transformer des cellules normales en cellules capables de diriger le rythme cardiaque.

Plus précisément, à la base, les cellules de cette zone se contentaient de diffuser les pulsations. Après introduction du gène TBX18, elles deviennent capables de générer des pulsations. Elles effectuent ainsi le même travail qu'un pacemaker. Le gène guérisseur qui s'introduit par cathéter est avantageux par rapport au pacemaker, qui nécessite une opération chirurgicale et a une durée de vie de 5 à 10 ans.

Des porcs en pleine forme. Les tests menés pendant deux semaines sont concluants. Les porcs souffrant d'arythmie cardiaque, se sont mieux portés dès le lendemain de l'introduction du gène. Leurs pulsations étaient bien plus rapides que celles de leurs compagnons malades non traités. Les chercheurs ont souligné que c'est la première fois que des cellules cardiaques sont re-programmées chez un animal pour soigner une maladie. 

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Des gènes guérisseurs. La thérapie génique a été conceptualisée dans les années 1950. Le gène introduit dans le corps peut avoir plusieurs fonctions : remplacer le gène défectueux à l'origine de la maladie, réguler ou limiter l'expression d'un gène défectueux, aider une protéine à plus s'exprimer afin d'augmenter un effet thérapeutique. 

Dans la majorité des essais, le gène guérisseur est introduit dans les cellules du patient à l'aide d'un vecteur viral. Le virus est d'abord "sécurisé" pour ne pas être nocif pour l'humain. Puis, les chercheurs y introduisent le gène guérisseur. Si les virus sont utilisés, c'est qu'ils sont capables de transférer leur propre matériel génétique dans les cellules  humaines.

Déjà quelques succès. Depuis 1999, la thérapie génique a permis en France de soigner des enfants souffrants de maladies immunitaires. Ce sont les fameux "bébés-bulles" de l'hôpital Necker. 

Il existe aussi deux médicaments de thérapie génique. Depuis 2004, le gencidine est donné en Chine à des patients atteint de cancer de la peau, sans effets indésirables jusqu'à aujourd'hui. En Europe, le glybera est prescrit depuis 2002 dans le traitement d'une maladie rare du métabolisme. 

Les chercheurs de l'Institut cardiaque du Cedars-Sinaï vont désormais poursuivre leurs tests sur les porcs afin de voir combien de temps les effets positifs se font sentir et pour surveiller de possibles effets secondaires.

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