Trois raisons de s'informer sur le cancer colorectal

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Marianne Skorpis avec Mélanie Gomez
Les gastroentérologues attirent l'intention sur le cancer du côlon, l’un des trois cancers les plus répandus, dont les dépistages se font trop rares.

"Attention, vous êtes peut-être assis sur un cancer !" C’est le slogan "choc" de la journée de prévention du cancer du colon, organisée mardi par le Conseil national professionnel d’hépato-gastroentérologie (CNP-HGE). Avec ce "Colon Day", les professionnels espèrent sensibiliser les populations à risque au dépistage du deuxième cancer le plus mortel en France. Cette campagne se prolongera tout au long du mois de mars, renommé "Mars bleu", en référence à l'"Octobre rose" du cancer du sein.

Parce que les populations à risque sont peu nombreuses à se faire dépister. "Malgré des chiffres alarmants (42.000 nouveaux cas déclarés et 17.500 victimes chaque année) et une campagne initiée par les gastroentérologues, débutée en 2008 pour communiquer sur l’importance du dépistage, le cancer colorectal demeure un véritable fléau et un problème majeur de santé publique", soulignent les professionnels. Ils s’inquiètent du petit nombre de patients concernés qui vont se faire dépister : moins d’une personne à risque sur trois (31%) se ferait dépister chaque année, selon l’Institut national de veille sanitaire (InVS). Ce chiffre de 31% est inférieur aux 45% du taux de référence fixé par la Commission européenne, l’Agence internationale de recherche sur le cancer et l’OMS (Organisation mondiale de la santé), pour les pays européens qui organisent un dépistage du cancer colorectal.

Le CNP-CGE met en lumière un paradoxe étonnant. L’organisme a mené avec OpinionWay une étude sur les personnes de plus de 50 ans, qui sont les plus à risque. Elle révèle que 95% d’entre eux savent que le cancer colorectal fait partie des trois cancers les plus courants, avec les cancers du sein et de la prostate, mais qu’un quart "ne sait pourtant pas exactement de quoi il s’agit". Pourquoi ce décalage ?

Parce qu’il présente peu de symptômes. Le gastroentérologue Eric Vaillant, qui fait partie des organisateurs de cette campagne, estime dans un communiqué que "le côlon est un organe difficilement médiatisable. Le côlon c’est 'sale', les gens ont peur d’en parler". A cet aspect intime s’ajoutent une méconnaissance des facteurs de risque de la maladie et l’absence, dans beaucoup de cas, de symptômes.

Dominique, aujourd’hui âgé de 58 ans, s’est vu diagnostiquer un cancer totalement par hasard, il y a huit ans. "Je l’ai découverte suite à un accident de sport et à une rupture du tendon d’Achille", se souvient-il. "C’est l’héparine (un anticoagulant, ndlr) qui m’était administrée tous les jours qui a provoqué le saignement, qui m’a valu une coloscopie. C’était une tumeur qui était importante, puisqu’elle faisait 4 cm sur 2. Alors que je n’avais aucun signe qui pouvait me laisser penser que j’avais un souci de ce côté-là..." Le CNP-CGE note également que ce type de maladie n’est, dans le plupart des cas, pas familial, puisque 74% des personnes touchées disent ne pas avoir antécédents familiaux.

Parce que c’est un cancer facilement évitable. Les deux procédures de dépistage les plus fréquentes sont le test immunologique et la coloscopie. Le premier est mis en place dans le cadre du dépistage organisé, pour les 80% de patients présentant des risques moyens. Ce risque est considéré comme élevé chez les personnes qui ont des antécédents familiaux ou qui souffrent d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin ou d’un polype colique adénomateux. Ces dernières, après une consultation chez le gastroentérologue, peuvent faire l’objet d’une coloscopie. Les chromocoloscopies sont effectuées dans les cas, beaucoup plus rares, (chez 1 à 3% des personnes à risques), où une mutation génétique est détectée.

Et Eric Vaillant de conclure : "C’est un cancer qui est évitable. Si on se fait régulièrement dépister, on ne doit pas mourir d’un cancer du côlon... Voire même ne pas l’avoir du tout, puisque la coloscopie permet de retirer les lésions précancéreuses, qui vont devenir des cancers dans quatre à cinq ans".