Rémi Salomon : "La deuxième vague est là, plus violente et plus grave que la première"

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Océane Herrero , modifié à
Le président de la Commission Médicale d'Etablissement de l'APHP, invité mercredi d'Europe 1, demande des mesures drastiques pour reprendre la main sur une épidémie désormais hors de contrôle.
INTERVIEW

"Les indicateurs sont maintenant au rouge foncé". Rémi Salomon, président de la Commission Médicale d'Etablissement de l'APHP, a tiré la sonnette d'alarme au micro d'Europe 1, mercredi. Le médecin a réclamé un "coup de frein drastique" de l'épidémie de coronavirus : "On n'a pas le droit à l'erreur". Car Rémi Salomon, qui à la veille des élections municipales de mars avait été l'un des premiers à exhorter le gouvernement à renforcer les mesures sanitaires, craint que cette nouvelle vague épidémique ne soit encore plus sévère que la première. "Depuis deux-trois mois, on savait que le virus circulait. On avait donc annoncé le couvre-feu, au regard de la situation dans l'ensemble de la France", explique-t-il.

Mais les décideurs ont été pris de court par la vitesse de propagation de l'épidémie. La France se trouve désormais face à un virus qui n'épargne pas un coin du territoire. Les services de réanimation sont déjà sous tension - et ce, même si le pays est désormais équipé de masques et de tests censés ralentir la propagation.  "La deuxième vague est là, plus violente et plus grave que la première. C'est grave dans beaucoup de régions, et c'est très grave dans certaines régions comme l'Île-de-France, insiste ainsi Rémi Salomon. C'est plus grave, aussi, car les soignants commencent à s'épuiser". 

L'épidémie va en outre faire des victimes collatérales : les patients qui ont besoin d'actes médicaux mais qui vont devoir prendre leur mal en patience afin de laisser la place à des "patients covid". Pour juguler l'épidémie, le gouvernement doit, selon Rémi Salomon, anticiper dès à présent le comportement des Français face au reconfinement qu'Emmanuel Macron doit annoncer ce soir. Par exemple, il vaudrait mieux maintenir ouverts les parcs "car l'épidémie circule moins en extérieur", évitant au passage que les gens ne se rassemblent dans des espaces confinés. Le prochain déconfinement devra aussi, selon le médecin, être bien plus progressif que celui qui été orchestré en mai dernier, avec une réouverture des bars plus prudente, par exemple. 

 

"Le temps du bilan viendra plus tard"

S'il refuse de revenir sur les décisions de santé publique prises depuis le début de la crise sanitaire - "le temps du bilan viendra plus tard - Rémi Salomon vilipende les politiques publiques décidées sur le temps long. "Depuis dix ans, on fait des économies sur l'hôpital. Donc des soignants décident de s'en aller. Ils feront face à la deuxième vague comme ils ont fait face à la première. Mais le turn-over est devenu inacceptable (...) ce n'est pas quelque chose que l'on observait il y a dix ans".