Patients attachés, isolement : les méthodes controversées d'un centre psychothérapique de l'Ain

Un centre psychothérapique de Bourg-en-Bresse a été épinglé pour les conditions de vie de leurs patients.
Un centre psychothérapique de Bourg-en-Bresse a été épinglé pour les conditions de vie de leurs patients. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP , modifié à
La contrôleure générale des lieux de privation de liberté a rendu un rapport sur les conditions de vie des patients dans un centre psychothérapique de l'Ain.

Patients privés de promenade, enfermés dans leur chambre voire attachés à leur lit : la contrôleure générale des lieux de privation de liberté a publié mercredi un rapport accablant sur le centre psychothérapique de l'Ain. Adeline Hazan a constaté dans ce centre de Bourg-en-Bresse, le seul établissement de soins psychiatriques du département, "un recours à l'isolement et à la contention utilisé dans des proportions jamais observées jusqu'alors", en "violation grave des droits fondamentaux" des patients. Après une visite du centre, du 11 au 15 janvier, une équipe de contrôleurs a dressé une longue liste de "restrictions disproportionnées" des libertés, allant de l'accès aux effets personnels des patients à leurs communications avec l'extérieur ou leur isolement.

Pas plus de 4 cigarettes par jour. Elle a constaté "un accès limité à la cour intérieure pour la majorité des patients, à deux fois une demi-heure par jour" dans une des unités, "l'interdiction de fumer plus de quatre cigarettes par jour", des "placards fermés à clé dans les chambres sans que les patients n'en détiennent les clés", le "maintien de certains patients dans leur chambre fermée jour et nuit". Des "prescriptions d'enfermement et de contention" sont renouvelées parfois "pendant plusieurs mois" et, dans certains cas, "sans examen systématique du patient". 

L'isolement comme punition. Rappelant que l'isolement est une pratique médicale "réservée en dernier recours aux situations de crise", les contrôleurs ont relevé qu'elle était pourtant fréquente et même "utilisée à des fins disciplinaires". Pour une capacité de 412 lits, le centre compte 46 chambres d'isolement, dont en moyenne 35 sont occupées quotidiennement. Certains patients y sont attachés à un fauteuil ou à leur lit "jusqu'à 23 heures par jour".

Taper sur les murs pour appeler. Seules certaines de ces 46 chambres sont équipées d'un bouton d'appel, "dont beaucoup ne fonctionnent pas", et les malades n'ont d'autre recours que de crier ou taper sur les portes pour appeler, ou pour ceux qui sont attachés d'attendre le passage d'un infirmier pour boire ou accéder aux toilettes. 

Dans ses recommandations au gouvernement, la contrôleure demande d'"ériger en règle la libre-circulation dans l'établissement", de "mettre fin immédiatement à l'enfermement en chambre ordinaire" et aux prescriptions médicales sans examen préalable, de fixer des délais et règles claires à la contention et à l'enfermement. Elle demande également un renforcement des activités thérapeutiques dans ce centre où les patients souffrent mais aussi "s'ennuient", et une formation du personnel à la prévention et gestion des situations de crise.