"On est en train de révolutionner le traitement du cancer", assure le président de l'Institut Curie

© Europe 1
  • Copié
Anaïs Huet , modifié à
Le docteur Thierry Philip, président de l'Institut Curie, se réjouit de l'avancée des recherches contre le cancer. Mais rappelle que le chemin est encore long. 
INTERVIEW

L'opération "Une Jonquille pour Curie", lancée par l'Institut Curie, démarre mardi et se poursuit jusqu'au 19 mars. "L'objectif, c'est de mobiliser les énergies, partout en France, pour la lutte contre le cancer", indique le Docteur Thierry Philip, président de l'Institut Curie, invité d'Europe 1 mardi matin. 

Des raisons d'espérer. Pour le professeur, il existe "cinq raisons d’espérer" : la prévention, le dépistage, le traitement ambulatoire, le traitement de précision, et enfin l'immunothérapie. Pour se prémunir d'un cancer, on connaît depuis longtemps les comportements à éviter. "Si tous les jeunes de moins de 20 ans s'arrêtaient de fumer demain matin, la mortalité par cancer diminuerait de 50% dans les 50 ans qui viennent", assure le président de l'Institut Curie. Surveiller son alimentation, veiller à ne pas être en contact avec des perturbateurs endocriniens, mais aussi avoir une activité physique régulière sont aussi des réflexes à adopter. "Le sport, c'est un médicament. Une femme qui a un cancer du sein, et qui fait du sport pendant sa chimiothérapie, va avoir une meilleure survie que celle qui n'en fait pas. Et un activité sportive régulière prévient le cancer", souligne Dr Thierry Philip.

La révolution de l'immunothérapie. Pour le professeur, la principale raison d'espérer réside dans l'immunothérapie. "C'est une révolution ancienne. On sait depuis longtemps qu’on est capable de détruire notre propre cancer", rappelle-t-il. Or, si l'immunothérapie fonctionnait pour "le mélanome de la peau et le cancer du rein", les scientifiques ignoraient "pourquoi ça marchait ou pas", dans un cas et pas dans l'autre. "On a travaillé et on a trouvé un système", se réjouit Dr Thierry Philip. "Les cellules cancéreuses ont la capacité d’empêcher les autres cellules de jouer leur rôle. C’est comme une prise qui aurait un cache. Grâce au nouveau médicament d’immunothérapie, on enlève le cache, et les cellules sont capables de jouer leur rôle", explique-t-il. "On est en train de révolutionner le traitement du cancer, en particulier sur un cancer dramatique qui est celui du poumon", se réjouit-il.

Un centre d'immunothérapie à l'automne. Fort de ces avancées médicales, l'Institut Curie a pour projet d'ouvrir, à l'automne, le premier centre d'immunothérapie. Mais il ne pourra le faire qu'en fonction des dons reçus. "On cherche quel est le modèle de la cancérologie du 21e siècle", insiste Dr Thierry Philip. Ce centre doit accueillir 100 chercheurs fondamentaux, 20 à 30 chercheurs de transfert, des lits d'expérimentation clinique, des lits de consultation, etc. "Tout ça au même endroit. C'est ce que les Américains appellent 'l'effet cafétéria'. Ils vont prendre des cafés ensemble, discuter, s'entraider. Ça profite à tout le monde, et surtout aux personnes malades", explique-t-il.

L'Institut Curie espère récolter 500.000 euros, grâce à plus de 200 activités festives sur tout le territoire.