Médecins : ces délais d'attente qui découragent les patients

© maxppp
  • Copié
Fabienne Cosnay et Mélanie Gomez , modifié à
Les Français renoncent plus souvent à se soigner en raison des délais que des coûts, selon une enquête Ifop. 

Des délais qui s'allongent. On évoque souvent le coût des consultations médicales pour expliquer le renoncement de certains Français à se soigner. Une enquête de l'Ifop publiée mardi dans Les Echos pointe un autre problème : les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous chez le médecin ont aussi un effet dissuasif.

Toutes les spécialités sont touchées. Ce phénomène touche à la fois les spécialistes mais aussi les généralistes. Il faut en moyenne 6 jours pour obtenir un rendez-vous chez notre médecin du quotidien. Et chez les spécialistes, les délais de consultation ne cessent de s'allonger : 111 jours d'attente en moyenne pour voir son ophtalmo, 57 jours pour consulter un gynécologue, 50 jours pour un dermatologue, 42 pour un cardiologue.

>> LIRE AUSSI - Trouver un médecin à Noël, galère en vue

Le délai, critère n°1. Ainsi, seuls 44% des patients jugent l'accès aux soins "facile" auprès d'un spécialiste. Et six Français sur dix (64%) déclare avoir déjà renoncé à se faire soigner à cause des délais, contre 46 % en raison du coût et 32 % de l'éloignement géographique.

Du côté de l'hôpital, ce n'est guère mieux : 81 jours pour un ophtalmologue, 56 pour un dermatologue ou un rhumatologue, environ un mois et demi pour un cardiologue ou un gynécologue. Parmi ceux qui renoncent à consulter dans des cabinets faute de délais raisonnables ou de prix trop élevés, un tiers environ s'est rabattu vers les urgences d'un hôpital, soit un coût conséquent pour la Sécurité sociale.

Les médecins manquent à l'appel. Ce phénomène s'explique en partie par le manque de médecins. Par exemple, seuls 150 internes sont autorisés à devenir ophtalmologistes chaque année, quand dans le même temps 240 partent à la retraite. Et cette baisse est inéluctable, car elle est le résultat de la taille des promotions d'étudiants en médecine fixée dans les années 1980/1990. Les experts estiment qu'il faudra attendre 2020 pour voir le nombre de médecins augmenter de nouveau.

Délégation de tâches. D'ici là, pour améliorer l'accès aux soins des Français, certains proposent de développer la délégation de tâches vers d'autres professionnels de santé. Ainsi, les ophtalmologistes peuvent se faire remplacer par les orthoptistes. Une expérimentation a fait ses preuves en Languedoc-Roussillon : confier aux orthoptistes le dépistage des troubles visuels chez l'enfant ou le suivi de certaines maladies comme la glaucome a permis de diviser par deux les délais d’attente pour l’obtention d’un rendez-vous.