Les salles de shoot préconisées

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Des élus ont menés l’enquête et plaident pour leur mise en place en France dans un rapport.

Bientôt des salles de shoot en France ? L’association des Élus pour la santé publique et le territoire (ESPT), qui regroupe des femmes et des hommes de tous bords politiques, recommande l’expérimentation des centres de consommation, dans un rapport rendu publique vendredi.

Pour réduire la toxicomanie

Pendant un an, l’ESPT a mené des auditions d'experts médicaux, sociaux et juridiques. Plusieurs élus se sont rendus également dans des salles de shoot à Bilbao, en Espagne, mais également là où sont nés ces fameux centres d’injection, en 1986, en Suisse. "J'ai trouvé ces lieux très encadrés et très sécurisés tant sur le plan sanitaire que pour les citoyens qui vivent autour. On est loin de la zone de non-droit", estime Laurent El Ghozi, président d'ESPT et maire adjoint socialiste à Nanterre, dans Le Figaro.

Dans un autre entretien au Monde, il explique que ces salles d’injection permettent "d’offrir aux toxicomanes de bonnes conditions d'hygiène (...) c'est un préalable indispensable pour obtenir une réduction des risques (overdose, sida, hépatite…) liés à leurs pratiques. C'est également le moyen d'ouvrir une porte de sortie à la toxicomanie". "L'addiction est une maladie et il faut donc prendre en charge la maladie" via ces lieux, qui "sauvent des vies et améliorent la situation des riverains", ajoute-t-il. La prévention de la toxicomanie serait également plus facile à mettre en place dans de tels lieux, explique-t-il.

Un cadre juridique

"A aucun moment, on ne s'engage en faveur de la dépénalisation. Il s'agit simplement d'un geste de réduction des risques" encourus par les toxicomanes, a précisé Patrick Padovani, médecin et adjoint UMP au maire de Marseille Jean-Claude Gaudin. Le fonctionnement des salles serait réservé aux "usagers majeurs" et respecterait l'anonymat. Il faudrait mettre en place un cadre juridique et policier associé à cette expérimentation, indique le rapport.

Une position qui va totalement à l’encontre de celle du Premier ministre. Après la publication, fin juin, d’un rapport de l’Inserm qui préconise ces salles de shoot, François Fillon avait jugé que ces structures étaient "ni utiles, ni souhaitables". Il expliquait alors que la priorité du gouvernement était "de réduire la consommation des drogues en France, non de l'accompagner voire de l'organiser".

Une position que ne partagent pas la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, la ministre de la Famille Nadine Morano ainsi que Jean-Claude Gaudin sénateur-maire UMP de Marseille. Tous trois s'étaient prononcés pour une concertation sur l'opportunité d'expérimenter en France de tels dispositifs déjà en vigueur dans six pays européens, et dont l’efficacité semble avérée en terme de santé publique.

Une mission parlementaire sur le sujet a été créée début septembre.