Les cinq avancées médicales de 2017

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2017 a vu un test convaincant de deux vaccins contre le virus Ebola, dont la dernière épidémie a tué 11.000 personnes en Afrique de l'Ouest. Image d'illustration. © EDUARDO SOTERAS / AFP
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Plusieurs découvertes sont venues en 2017 enrichir la lutte contre le Sida, le cancer mais aussi Ebola.

En 2017, le Sida, à l'origine d'une pandémie mondiale depuis les années 1980,et le cancer, qui tue chaque année 150.000 personnes en France, ont encore pris un peu de plomb dans l'aile. Ebola aussi, dont la dernière et très meurtrière épidémie a permis de booster la recherche pour parvenir à un vaccin prometteur. La technologie du numérique a aussi fait parler d'elle ces douze derniers mois entre applications de e-santé et réalité augmentée. Tour d'horizon des découvertes qui ont fait avancer la découverte en 2017. 

Des vaccins très prometteurs contre Ebola

La dernière épidémie d'Ebola de 2014-2016 qui a tué 11.000 personnes en Afrique pourrait être la dernière d'une longue série débutée en 1976. Deux vaccins expérimentaux ont en effet été testés avec succès cette année.

En décembre 2016, l'Onu avait présenté un vaccin à "80% efficace" en période de flambée de cette maladie dont les symptômes sont similaires à ceux de la grippe. Dans la foulée, le laboratoire Merck a acheté les droits de commercialisation. S'il faudra sans doute attendre encore un peu pour voir le vaccin produit à grande échelle, en attendant, des tests sont venus confirmer les espoirs.

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1.500 personnes ont ainsi été suivies au Libéria après avoir reçu soit un de deux sérums, soit un placebo, a rapporté en octobre dernier une étude du New England Journal of Medecine. Pour le premier vaccin, rVSV-Zebov, 84% des vaccinés avaient développé des anticorps après un mois. Et après un an, 80% présentaient toujours une protection contre le terrible virus. Pour le second vaccin, ces chiffres étaient respectivement de 71% et 64%. Mis à part quelques effets secondaires bénins comme des maux de têtes ou des douleurs musculaires, "cet essai clinique a fourni des informations précieuses qui sont essentielles pour le développement de ces deux vaccins potentiels contre Ebola", a expliqué Anthony Fauci, le directeur du National Institute of Allergy and infectious Diseases qui a développé un de deux sérums. Surtout, ces tests ont permis de démontrer qu'il est possible de faire avancer la recherche même en période d'épidémie.

Un triple-antiviral contre le Sida

Si un vaccin contre le Sida reste encore au stade de la recherche, les traitements contre le virus se multiplient. Un des plus prometteurs a été rapporté en septembre dernier par des chercheurs du groupe Sanofi et des Instituts nationaux américains de la santé (NIH). Leur étude, publiée dans la revue spécialisée Science, présente un triple antiviral utilisé pour le traitement mais aussi la prévention.

Pour le moment, il a permis de protéger des singes contre le virus simien du sida (VIS) et des souches du virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Ce nouvel antiviral a procuré une meilleure protection que tous les autres anticorps testés jusqu'alors, neutralisant 99% des plus de 200 différentes souches du VIH-1, ont précisé les chercheurs. Sa force réside donc en sa capacité de contrer la grande diversité génétique des VIH dans le monde. Le nouvel agent a également été testé sur des cellules humaines en laboratoire.

Prochaine étape en 2018 quand Sanofi mènera un essai clinique de phase 1 aux Etats-Unis sur des personne saines et des personnes infectées par le VIH.

La réalité augmentée, le nouveau super assistant des chirurgiens

Un bloc opératoire, un chirurgien, un anesthésiste, des infirmiers, des instruments chirurgicaux… et une paire de lunettes 3D. Voilà le tableau d'une opération qui a eu lieu le 5 décembre dernier à Bobigny en Seine-Saint-Denis, en première mondiale. Muni de cet outil pour poser une prothèse d'épaule, le chirurgien a des moyens décuplés. Il a pu ainsi accéder à ce ce que l’œil humain ne peut pas voir puisque avant même d'inciser, le chirurgien pouvait visionner ce qu'il y avait sous la peau de la patiente. Il a aussi vu par hologrammes des données médicales sur le patient (par exemple, son dernier IRM). Enfin, le chirurgien a pu consulter des tutoriels qui lui rappellaient le détail de la procédure à suivre lors de l'opération. Le chirurgien, de plus, n'a rien perdu de sa disponibilité manuelle puisque les lunettes, fabriquées par l'américain Microsoft, peuvent se commander par la voix.

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L'hôpital de l'AP-HP va désormais être le premier au monde à utiliser régulièrement cette technique. "Ça révolutionne notre façon d'opérer. J'ai ces lunettes depuis août, et depuis ça nous donne des milliers d'idées", s'est réjoui le Dr Thomas Grégory, auteur de cette première. "C'est un vrai changement de paradigme, comme pour les pilotes d'avion quand ils ont embarqué des appareils électroniques dans leur cockpit", a-t-il ajouté.

Selon lui, les lunettes de réalité augmentée, sorte d'"ordinateur sans fil", devraient permettre d'avoir une précision "impossible à obtenir sans". "On est moins invasifs, on limite les gestes et donc les risques d'infection", estime le spécialiste.

Un anticancéreux efficace contre le Sida ?

Le 1er décembre dernier, des médecins français de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière ont rapporté dans la revue Annals of Oncology un cas unique : celui d'un patient de 51 ans atteint du Sida qui a vu sa maladie reculer après avoir reçu un traitement pour son cancer.

Le traitement en question est le Nivolumab, un médicament commercialisé depuis 2015 dans l'Union européenne et qui combat très efficacement les cellules cancéreuses par immunothérapie. Chez un patient de 51 ans qui souffre d'un cancer du poumon depuis 2005, il a permis de faire reculer le nombre de copies du virus du Sida dans son corps.

La e-santé, plus efficace que des médicaments

L'étude présentée lors du plus grand congrès mondial de cancérologie en juin dernier à Chicago a fait du bruit. Et pour cause, selon ses résultats, une application est plus efficace qu'un traitement par anticancéreux.
Pour parvenir à cette conclusion, des oncologues américains ont testé l'application "Symptom Tracking and Reporting" (STAR). Le principe : des patients ayant suivi une chimiothérapie devaient rendre compte via l'appli des effets secondaires indésirables. En retour, les infirmiers qui recevaient les données devaient alerter les médecins en cas de symptômes allant en s'aggravant. Des mesures étaient prises en conséquence pour soulager les patients.

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Le résultat est concluant puisque ces patients, utilisateurs de e-santé, ont eu une durée de vie de cinq mois supplémentaires par rapport aux patients suivis de manière traditionnelle. L'explication est simple selon celui qui a dirigé l'étude, Ethan Basch. "La surveillance accrue des patients améliore le contrôle des effets secondaires de la chimiothérapie pour mieux les combattre. Et des patients en meilleure forme sont amenés à augmenter leur durée de survie", a-t-il exposé au congrès de Chicago. STAR n'existe cependant qu'à un stade expérimental et aucune date de commercialisation n'a pour l'instant été communiquée.