Le sperme est meilleur à Rennes qu'à Bordeaux

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Alexis Toulon , modifié à
Toutes les régions sont touchées par une baisse de la qualité du sperme, mais le phénomène est plus fort dans celles qui utilisent des pesticides.

Une étude avait déjà sonné l’alarme, une analyse plus poussée de ces données le confirme : la qualité du sperme au niveau national est en chute libre. La concentration de spermatozoïdes a baissé de 30% en seize ans. L’Institut de veille sanitaire et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont utilisé la base de données "Fivnat" pour regarder l’état de nos bourses au niveau régional entre 1989 et 2005. Les inégalités sont frappantes, et les régions agricoles qui utilisent des pesticides sont particulièrement touchées.

Les spermatozoïdes sensibles à l’environnement. L'Aquitaine et Midi-Pyrénées sont les lanternes rouges du sperme français. Les deux régions sont en queue de peloton avec un déclin plus marqué que la moyenne nationale. Les auteurs correllent cette tendance à la forte orientation agricole de l’activité économique et au plus important niveau d’exposition de la population aux pesticides du territoire. La Bourgogne est également fortement touchée. Comme le rappellent les auteurs de l’étude, les activités viticoles "sont celles où l'on utilise le plus de pesticides proportionnellement à la surface agricole".

La Bretagne et la Franche-Comté se portent bien. Les deux régions ont connu une tendance inverse : la qualité des spermatozoïdes a progressé sur la période. Les Pays de la Loire présentent également une tendance à l’amélioration. L’Auvergne et le Languedoc-Roussillon sont celles où la concentration de spermatozoïde a connu l’évolution la plus positive.

Un large échantillon. L’étude initiale, présentée en 2012, portait sur 26.000 hommes ayant participé à un programme d'assistance médicale à la procréation (AMP) dans les 126 principaux centres de France métropolitaine, entre le 1er janvier 1989 et le 31 décembre 2005. Les chercheurs n’avaient retenu que ceux dont la partenaire était stérile, afin d’avoir un échantillon de personnes dont la qualité de sperme se situait dans la moyenne nationale. Les résultats avaient de quoi faire peur : "une diminution significative et continue de la concentration du sperme atteignant 32,2 %". Un homme de 35 ans a vu la concentration moyenne passer de 73,6 millions de spermatozoïdes par millilitre (ml) de sperme en 1989 à 49,9 millions/ml en 2005. Ceux présentant une morphologie anormale ont vu cette concentration passer de 60,9 % à 39,2 % sur la même période.

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