Le paludisme résistant aux traitements pourrait s'étendre à l'Afrique

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© JEFF PACHOUD / AFP
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N.M. avec AFP
Une forme de paludisme résistante aux traitements et apparue au Cambodge est capable d'infecter les moustiques vecteur de la maladie vivant en Afrique. 

Des formes de paludisme résistant aux traitements standard, déjà en plein essor en Asie du sud-est, pourraient s'étendre aussi au continent africain et compromettre ses chances d'éradication, selon une étude publiée mardi dans la revue Nature communications. Cette maladie infectieuse provoquée par un parasite se transmet par les moustiques. 

Des résistances apparues au Cambodge. Le traitement standard est à l'heure actuelle l'artémisinine, mis au point par la chercheuse chinoise Tu Youyou qui vient de recevoir le prix Nobel de médecine, associé à d'autres traitements anti-paludéens. Mais depuis quelque années, des résistances sont apparues face à ce traitement, principalement au Cambodge et dans d'autres pays d'Asie du sud-est.

Tests en laboratoire. Pour déterminer si l'Afrique pouvait également être menacée par l'apparition de ce type de résistances, un groupe de chercheurs a infecté diverses espèces de moustiques avec des parasites résistant à l'artémisinine provenant de patients cambodgiens ou de tests en laboratoire. Ces parasites ont infecté sans problème plusieurs espèces de moustiques Anophèles dont l'Anophèle coluzzii, le principal vecteur du paludisme en Afrique. 

Des moustiques qui piquent aussi à l'extérieur. Les chercheurs, dirigés par Rick Fairhust de l'Institut national de l'allergie et des maladies infectieuses (NIAID) ont également découvert un fond génétique commun chez les parasites résistant à l'artémisinine qui leur permet d'infecter plusieurs espèces de moustiques en contournant leurs systèmes immunitaires. Pour les chercheurs, cette capacité pourrait expliquer le développement rapide du paludisme résistant à l'artémisinine en Asie du sud-est. Les moustiques qui véhiculent le parasite résistant ont de surcroît tendance à piquer à l'extérieur des habitations, limitant la portée des stratégies de lutte antivectorielles basées sur les moustiquaires ou la pulvérisation d'insecticides, notent les chercheurs.