L'anneau gastrique virtuel, faut-il y croire ?

Un anneau gastrique
Un anneau gastrique. © Vontaub - Own work / CC BY-SA 3.0
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G.S.
Théorisée en 2011, cette pratique consiste à poser un anneau gastrique imaginaire, au moyen de l'hypnose.

La pose d'un anneau gastrique reste l'un des traitements les plus efficaces face à l'obésité, qui fait l'objet d'une Journée européenne ce lundi. Mais le choix d'une telle opération n'est pas des plus faciles à prendre. L'anneau gastrique nécessite une longue préparation, implique un séjour à l'hôpital et l'opération peut s'accompagner de plusieurs effets secondaires, comme des nausées ou des carences en vitamines. Mais depuis quelques années, une nouvelle méthode se développe : la pose d'un "anneau gastrique virtuel". Théorisée en 2011 par une hypno-thérapeute londonienne, Sheila Granger, cette pratique consiste à poser un anneau gastrique imaginaire, au moyen de l'hypnose. Vantée comme une solution indolore (mais pas sans efforts) à long terme, il faut toutefois l'aborder avec précaution.

L'anneau gastrique virtuel, comment ça fonctionne ?  "The virtual gastric band", lorsqu'il est posé sérieusement, nécessite toute une préparation. Vous devez prendre contact avec un hypno-thérapeute, avec lequel vous vous mettez d'accord sur vos objectifs de perte de poids. Celui-ci est censé, selon la méthode "officielle" développée par Sheila Granger, vous interroger longuement sur votre mode de vie, votre état de stress, de sommeil, et surtout sur les raisons qui vous empêchent de prendre des kilos : vous faîtes trop d'écarts, vous vous resservez tout le temps, vous n'arrivez pas à dire "non" au sucre, vous avez des "pulsions" etc.

Puis vient le passage sur le divan. "La spécialiste me met en état d’hypnose et me demande simplement d’écouter ce qu’elle dit. Elle me pose un anneau gastrique virtuel dans un hôpital que mon imagination visualise", raconte Emilie Cailleau, journaliste à Top Santé et bloggeuse à l'Express, qui a tenté l'expérience en 2013. "Allongée, les yeux fermés, je sens mon corps se détendre au fur et à mesure que j’écoute la voix de la spécialiste. Elle parle à mon inconscient et je reste hypervigilante à tout ce qui m’entoure. Sensation étrange d’être ici et ailleurs", poursuit-elle.

Les quelques témoignages que l'on peut lire sur internet disent tous la même chose : l'hypnose nous fait vivre l'opération à l'hôpital comme si l'on y était (moyennant 500 euros les quatre séances environ). Après plusieurs séances d'hypnose avec un thérapeute, il est généralement conseillé de suivre des séances sur internet, recommandées par l'hypno-thérapeute, pendant un mois, avant chaque repas. Au moment de "craquer", l'anneau gastrique virtuel est censé agir sur votre inconscient pour vous en empêcher. Votre thérapeute doit fixer avec vous une feuille de route, une liste d'écarts à proscrire. Car l'anneau ne peut pas tout faire: la volonté reste indispensable pour respecter la feuille de route.

" J’ai rencontré une patiente qui s’était déclenchée d’épouvantables diarrhées "

Est-ce que cela marche vraiment ? Le hic, c'est qu'aucune étude clinique n'a encore été réalisée pour prouver scientifiquement l'efficacité de la méthode pour la perte de poids, et encore moins pour l'obésité. Selon certains spécialistes, elle peut fonctionner avec certains patients, mais pas forcément avec tout le monde. "L'hypnose sert à modifier la relation qu'a le patient à quelque chose. Par exemple, si le patient est obsédé par le sucré, on va trouver une façon – s'il le veut bien – que le sucré l'écœure ou que ça l'intéresse moins", détaille Jean-Marc Benhaiem, hypnothérapeute, interrogé dans l'émission Allo docteur, sur France 5, en février dernier. Avec l'anneau gastrique virtuel, "on laisse ressentir à la personne qu'il y a quelque chose dans l'estomac qui peut lui donner un signal de satiété. Là où c'est bizarre et où cela nous inquiète, c'est d'en faire un système généralisable. Car cela peut fonctionner sur une personne mais pas sur les cinquante qui vont suivre", poursuit ce spécialiste.

Le procédé peut même être dangereux s'il n'est pas scrupuleusement encadré. "J’ai rencontré une patiente qui s’était déclenchée d’épouvantables diarrhées pour perdre du poids grâce un protocole d’auto-hypnose accessible sur Internet. Elle a fini à l’hôpital", prévient par exemple Marie Arnaud, hypnothérapeute depuis trente ans et vice-présidente de l’Institut Milton-Erickson, interviewée par 20 minutes.

Une note récente du Service central du renseignement territorial (SCRT), révélée par RTL en février dernier, s'inquiétait même de l'essor actuel des "charlatans" en la matière, voire de potentielles dérives sectaires, avec des soupçons de manipulations mentales. Pour éviter les charlatans et les gourous, mieux vaut s'adresser à des professionnels du paramédical, formés à l'hypnose par des organismes certifiés comme l’Institut français d’hypnose (IFH) ou la Confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves (CFHTB) (n'hésitez pas à demander les diplômes). Il est également recommandé d'être suivi, en parallèle, par un nutritionniste ou un médecin.