La femme de Vincent Lambert désignée tutrice : qu'est-ce que ça change ?

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C.C , modifié à
Rachel Lambert a été nommée jeudi tutrice de son époux, tétraplégique en état végétatif. Mais que change réellement ce placement sous tutelle ?

C'est un nouveau rebondissement dans le macabre feuilleton judiciaire qui oppose depuis des années les parents et l'épouse de Vincent Lambert, les premiers étant favorables à son maintien en vie, la seconde à l'arrêt des soins. Jeudi, c'est elle, Rachel Lambert, que la justice a désigné comme tutrice de son mari, hospitalisé depuis 2008 en état végétatif. Mais qu'est-ce que cela va réellement changer ? 

"Pas grand chose", reconnaît le neveu du patient. La désignation d'une tutelle était réclamée par les deux camps depuis l'été dernier. En l'accordant à Rachel Lambert, la juge des tutelles "restaure la place de l'épouse", se félicite Me Gérard Chemla, avocat de François Lambert, neveu de Vincent et également partisan de l'arrêt des traitements. Mais au delà du symbole, cette décision ne devrait pas changer "grand chose" selon ce dernier, interrogé par l'Obs. Concrètement, Rachel Lambert devient l'interlocuteur privilégié du CHU mais "le sort de Vincent Lambert reste dans les mains de l'équipe médicale de Reims. C'est eux qui peuvent, oui ou non, procéder à l'arrêt des soins", rappelle-t-il. 

Vincent Lambert devrait rester au CHU de Reims. Les parents du patient, de leur coté, laissent entendre qu'ils pourraient faire appel. "Ce n'est pas la bonne décision", tranche leur avocat Me Jean Paillot. "Nous sommes dans un conflit familial intense où Rachel fait partie des procédures (...) Désormais, c'est la seule à représenter son mari notamment à l'hôpital, elle est à la fois juge et partie", regrette-t-il. En attendant, Vincent Lambert devrait rester au CHU de Reims.

Une équipe médicale sous pression ? Si la balle est dans son camp, l'équipe médicale avait toutefois refusé en juillet de mettre en oeuvre l'arrêt des traitements invoquant le fait que "les conditions de sérénité et de sécurité" n'étaient pas réunies. Cet arrêt des soins était pourtant autorisé depuis le mois de juin par une décision du conseil d'Etat et de la CEDH (Cour européenne des droits de l'Homme). Pour François Lambert, "on se retrouve donc bloqué avec une équipe médicale tétanisée par les pressions et les menaces des parents de Vincent Lambert".