L'hôpital Robert-Debré fiche ses agents

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Alexis Toulon avec AFP , modifié à
SCANDALE - Les fiches nominatives répertorient les agents qui ont des "comportement négatifs".

Les salariés de l’hôpital parisien Robert-Debré ont intérêt à rentrer dans le rang. L’AP-HP, les établissements publics de santé et CHU d'Ile-de-France, a reconnu et condamné le fichage par la direction de l’hôpital de certains de ses agents, révèle le Canard Enchaîné.

"Refus de changement, commérage…". Un premier fichier nominatif concerne 43 aides-soignantes et auxiliaires de puériculture de la maternité de Robert-Debré. Y figurent ceux qui ont des "comportement négatifs", soit, tel que défini dans le document, ceux qui sont "souvent opposés aux changements" ce qui a "un effet négatif sur le climat social", indique une source interne. Le document, daté d'octobre 2013 et envoyé par erreur dans un courrier interne, recense également "des leaders négatifs" qui ont "une emprise négative sur l'équipe: refus de changement, commérage, opposition à la hiérarchie".

Condamnation ferme de l’AP-HP. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a indiqué dans un communiqué que "la direction de l'établissement concerné avait déjà condamné à plusieurs reprises et par écrit cette initiative inacceptable prise dans le cadre de la préparation d'un groupe de travail sur la maternité en octobre 2013". "Depuis que ce document de travail a été porté à la connaissance de la directrice de l'établissement, la position de la direction, condamnant cette initiative, a été affirmée sans ambiguïté auprès des personnels, de l'encadrement et des organisations syndicales". Elle a "mis en place une démarche d'amélioration des conditions de travail avec la participation active des équipes du service de la maternité", assure l'AP-HP.

Une pratique généralisée. Un autre document de travail remis en mars 2014 quantifie le nombre d'interventions réalisées en 2013 par atelier (mécanique, menuiserie, serrurerie, etc.) et par certains agents cités nommément. "Cela met les ateliers et les agents en concurrence, et c'est illégal", déplore auprès de l'AFP un agent qui a requis l'anonymat. "Le flicage est permanent", déplore cet agent. L'affaire de l'hôpital Robert-Debré n'est pas isolée. A l'hôpital Georges-Pompidou, ce sont des chirurgiens qui ont fait l'objet de fiches comptabilisant le nombre et la durée de leurs interventions. L'affaire a été portée devant la justice. En outre, "d'autres fichiers suscitent préoccupations et interrogations: à Brest, à Cochin, à Sainte-Anne. En réalité il y en a partout", assure Bernard Granger, membre de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP.

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