"Depuis une douzaine d’années, il y a eu environ 120.000 à 150.000 mises en place du dispositif Essure", indique Bernard Hedon,
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T.M. , modifié à
Bernard Hedon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, a réagi sur Europe 1 à la plainte déposée par deux femmes contre le laboratoire qui fabrique l’implant contraceptif Essure.
INTERVIEW

De 42 en 2012, 242 effets secondaires ont été signalés en 2015, puis 162 entre janvier et octobre 2016, selon l'agence sanitaire ANSM. Tous ces signalements visaient les implants contraceptifs définitifs Essure, qui font l'objet d'une première action en justice dirigée contre le fabricant, les laboratoires Bayer Healthcare, selon l'avocat de deux femmes. Au total, 120.000 femmes seraient concernées.

"D’un point de vue médical et gynécologique, cette technique est innovante". "Depuis une douzaine d’années, il y a eu environ 120.000 à 150.000 mises en place du dispositif Essure", confirme au micro d’Europe 1 Bernard Hedon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). "D’un point de vue médical et gynécologique, cette technique est innovante et permettait de démocratiser le recours à la stérilisation tubaire, donc à la contraception définitive pour bon nombre de femmes. Ces dispositifs peuvent se placer de manière simple, par les voies naturelles, sans nécessité d’anesthésie générale, et donc sans intervention chirurgicale", continue le professeur.

Entendu sur europe1 :
La Haute Autorité de santé a même émis une recommandation d’usage avec une balance bénéfice/risque favorable.

"Un grand nombre de patients satisfaits". "Les études initiales étaient tout à fait favorables, à tel point que la Haute Autorité de santé a même émis une recommandation d’usage avec une balance bénéfice/risque favorable, d’où la prise en charge par la Sécurité sociale et indéniablement un grand nombre de patients satisfaits", rappelle-t-il.

Plusieurs troubles observés. Mais dans plusieurs cas – une trentaine, selon l’avocat des deux plaignantes – la pose d’un tel implant a causé des troubles hémorragiques, mais aussi des troubles neurologiques avec parfois paralysie temporaire ou permanente, douleurs du dos ou de la nuque, troubles ORL (épisode de surdité...). Selon Me Joseph-Oudin, l’une des explications à ces troubles est une hypothèse d'allergie au nickel qui entre dans la composition d'Essure. L’avocat évoque par ailleurs un volet portant sur des "problèmes de perforation ou de mauvaise pose du produit" dans ses dossiers à venir.

"Les témoignages des patients sont suffisamment nombreux". "En France mais aussi dans d’autres pays, on est alerté depuis quelques mois des effets indésirables pour lesquels on a du mal à relier la réalité physiopathologique à la mise en place des implants", commente le professeur Bernard Hedon. "Les témoignages des patients sont suffisamment nombreux, la coïncidence des troubles avec la mise en place et leur disparition avec le retrait des implants est suffisamment caractéristique pour qu’on soit bien obligé d’admettre qu’on a une relation de cause à effet", reconnait-il. "On en connait pas encore le mécanisme mais cela doit être recherché car c’est très important pour pouvoir les minimiser voire les faire disparaître. On doit en tout cas savoir réagir médicalement par rapport à eux."

Réévaluer la balance bénéfice/risque. Le président du CNGOF a d’ores et déjà eu une réunion avec l’association des patientes souffrant de tels effets secondaires, promettant de prendre une série de mesures visant à réévaluer cette fameuse balance bénéfice/risque.