Y a-t-il un risque à donner son rein ?

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Une affiche de campagne de l'Agence de la biomédecine © Agence de la biomédecine
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G.S. , modifié à
97% des donneurs rénaux sont en bonne santé trois ans après l’opération. Et leur geste augmente grandement les chances de survie du receveur.

En 2016, environ 17.000 personnes étaient en attente d’une greffe rénale en France. Et seulement 576 ont pu bénéficier du don vivant d’un proche, qui augmente pourtant grandement les chances que le receveur puisse retrouver une vie en bonne santé. Pour inciter les Français à donner, l’Agence de la biomédecine lance mardi une campagne d’information sur cette pratique, à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes. L’objectif : démontrer que les risques liés à cette opération restent minimes comparés aux bénéfices qu’elle apporte.

97% de donneurs vivants sont en bonne santé

L’homme pouvant vivre avec un seul rein, la greffe de cet organe est la seule pouvant se faire avec un donneur vivant. Le rein assure pourtant trois fonctions indispensables : le nettoyage des déchets du corps, le maintien d’une bonne hydratation et la production d’hormones et de vitamines. Mais il a une faculté d’adaptation telle que lorsqu’il est seul, l’organe devient plus puissant, plus efficace, est assure dans la quasi-totalité des cas les mêmes fonctions qu’à deux. Certaines personnes naissent même avec un seul rein et en vivent très bien.

Pour mesurer les risques du don de rein, l’Agence de la biomédecine et le service d’épidémiologie du CHU de Nancy ont interrogé en 2011 501 donneurs français sur leur état de santé physique et psychologique, trois ans en moyenne après l’opération. Et le résultat fut très probant : 97 % des donneurs vivants jugent leur santé excellente, très bonne ou bonne trois ans après l’opération. "Plus de la moitié l’estime excellente à très bonne", complète l’Agence de la biomédecine.

Les donneurs doivent toutefois être en parfaite santé et adopter une hygiène de vie plus saine, avec un régime pauvre en sel et en protéines animales, et en s’hydratant beaucoup. Malgré ces contraintes, 98% des donneurs de rein interrogés trois ans après l’opération seraient prêts à recommencer s’il le fallait. En France, seuls les proches sont autorisés à donner : la famille (beaux-parents compris) et les amis qui parviennent à démontrer un "lien affectif réel" avec le receveur.

Des complications minimes, mais qui existent

Même si les risques sont minimes, il existe tout de même certaines complications possibles. Ainsi, dans 22% des cas, le donneur peut ressentir une douleur au niveau de la cicatrice. Dans 4% des cas, il peut également contracter des infections urinaires. Et dans des cas encore plus rares, il risque de suivre un traitement pour une hypertension artérielle (2%) et suite à des complications pleuro-pulmonaires (1,2%).

"Le risque de survenue d’une insuffisance rénale sévère n’excède pas celui de la population générale. Le risque d’une insuffisance rénale débutante est de l’ordre de 10 à 15 %, il est corrélé à l’âge et à l’indice de masse corporel", ajoute l’agence de biomédecine. Qui poursuit : "Chez les donneurs de plus de 50 ans, l’hypertension artérielle est plus fréquente que dans la population générale du même âge, mais sans conséquence sur l’espérance de vie. Enfin, la situation de rein unique rend plus problématiques les calculs rénaux, traumatismes et tumeurs du rein".

Les alternatives sont moins efficaces, et plus contraignantes pour le receveur

Pour 86% des donneurs, le choix a été motivé par la volonté d’éviter une dialyse au malade. Cette méthode consiste à épurer le sang au moyen d’une membrane. En plus d’être très contraignante, cette méthode se révèle moins efficace que le don : 134 patients sur 1.000 âgés de 60 à 69 ans sont décédés en 2013 alors qu’ils étaient traités par dialyse, contre 29 patients sur 1.000 (du même âge) porteurs d’un greffon rénal fonctionnel.

Le greffon venant d’un donneur vivant augmente par ailleurs de 15% les chances de survies par rapport à celui d’un donneur mort. Le délai d’attente est souvent très amoindri. Et l’organe n’est pas abîmé par le transport, puisque le donneur se déplace directement à l’hôpital. Malgré ces avantages, plus de 3.000 des 3.600 greffes de rein réalisées en 2016 l’ont été à partir de donneurs morts.