Hôpitaux publics : des primes pour attirer les jeunes médecins

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avec AFP
La ministre de la Santé Marisol Touraine a dévoilé lundi un plan de 250 millions d’euros pour lutter contre la pénurie de médecins des établissements publics.

L’hôpital public lance une opération séduction à destination des jeunes médecins. La ministre de la Santé Marisol Touraine a ainsi dévoilé lundi un plan de 250 millions d’euros pour lutter contre la pénurie de praticiens dans les établissements publics. Pour attirer les jeunes, la ministre de la Santé a présenté douze mesures, comprenant une "prime d’engagement".

Le constat : l’hôpital public boudé. L’hôpital public va devoir faire face à une importante vague de départs dans les prochaines années, environ 30% des praticiens hospitaliers devant partir à la retraite d’ici à 2020. Problème : les jeunes médecins sont réticents à rejoindre les hôpitaux publics, la faute à des salaires plus attractifs dans le privé et surtout dans l’intérim. Car les établissements, qui ont souvent du mal à recruter, engagent de nombreux intérimaires, rémunérés de deux à quatre fois plus que les titulaires pour une journée. Le projet de loi santé prévoit ainsi de réduire drastiquement le recours aux intérimaires, qui coûterait 500 millions d’euros chaque année selon un rapport parlementaire de 2013.

Le remède : une prime de plusieurs mois de salaires. Les économies dégagées serviront ainsi à financer la quasi-intégralité du plan de Marisol Touraine, évalué à 250 millions d’euros, avec seulement "quelques dizaines de millions d'euros" restant à la charge des hôpitaux. L’État espère notamment instaurer une "prime d’engagement" pour les jeunes praticiens hospitaliers qui opteront pour des spécialités "en tension", comme l’anesthésie-réanimation, la chirurgie et la radiologie, ou qui s’installeront dans un "secteur sous-doté". Ces médecins percevront ainsi une somme équivalent "à plusieurs mois de salaire" pour privilégier l’hôpital public. Ils bénéficieront également d’une "accélération de carrière" de deux au bout de cinq ans, soit sept ans d’ancienneté. L’objectif de la ministre de la Santé est d’atteindre 3.000 bénéficiaires d’ici 2018.

Les autres mesures annoncées. Mais attirer les jeunes, qui aspirent à un temps de travail mieux maîtrisé, ne suffit pas. Encore faut-il qu'ils aient envie, comme leurs aînés, de rester à l'hôpital public, et de participer à des projets territoriaux. C'est dans cette optique que sera définie une "prime d'exercice territorial" pour les 15.000 praticiens hospitaliers (PH) qui travailleront sur plusieurs sites, dans le cadre des groupements hospitaliers de territoires (GHT) prévus dans la loi santé. De même, la participation à un "pool de praticiens remplaçants" donnera droit à une compensation. Les médecins pourront prolonger leur activité jusqu'à 70 ans ans et le cumul emploi-retraite jusqu'à 72 ans.

Quel accueil des professionnels ? Les principaux syndicats d'internes et d'étudiants en médecine ont salué ces annonces. Un avis partagé par les syndicats de praticiens hospitaliers, qui restent toutefois vigilants. Globalement satisfaits", selon Nicole Smolski, la présidente d'Avenir Hospitalier, ils regrettent toutefois que les revalorisations ne concernent que certaines zones, et l'absence d'un redécoupage de leur temps de travail. Le délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF), Gérard Vincent, s'est aussi dit "globalement satisfait" de ce plan, même s'il augure de nouveaux efforts des hôpitaux. "Sans médecin, il n'y pas d'hôpital", rappelle-t-il.