Grippe: "une mauvaise organisation du système de soins"

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avec Simon Ruben , modifié à
SURMORTALITÉ - Le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes Christophe Prudhomme, dénonce manque d’effectifs dans les hôpitaux. 

Les premières estimations sont plus qu’alarmantes. Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), 8.500 décès supplémentaires ont été enregistrés depuis la mi-janvier, notamment à cause de la forte épidémie de grippe cet hiver. Une surmortalité de plus de 19% par rapport aux huit années précédentes. Comment expliquer ces chiffres inhabituels ? Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes (Amuf-CGT), dénonce "une mauvaise organisation du système de soins".

Nombre-de-grippe

© Le nombre de cas de grippe actuellement en France.

"Des services engorgés". "On a une conjonction de plusieurs phénomènes : un virus plus virulent que d’habitude et un vaccin peu efficace", explique d’abord Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes (Amuf-CGT) à Europe 1. "Mais ce qui est clair, c’est que la surmortalité est surement due à la mauvaise organisation du système de soins parce que les services étaient engorgés, que les médecins en ville n’arrivaient plus à répondre aux demandes, en particulier aux visites à domiciles de personnes âgées".

Des EHPAD "sous-médicalisés". "Dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées (EHPAD), qui sont malheureusement sous-médicalisés en France, de nombreux patients ont été dirigés vers l’hôpital", regrette Christophe Prudhomme. "On a donc un système de soins qui est sous tension en permanence. Et dès qu’il y a un surcroit d’activité, comme on en connaît à chaque hiver, on est dans une situation de rupture, c’est ça qui est nouveau". 

Difficile de connaître la part exacte de la grippe. Une surmortalité est observée pratiquement chaque hiver, mais elle se limite généralement à quelques milliers de décès, voire moins, selon l'InVS. L'institut souligne qu'il n'est pas possible de préciser la part exacte de la grippe dans ce surcroît de mortalité qui englobe toutes les causes de décès. Il existe toutefois "un faisceau d'arguments pour dire que la grippe a joué un rôle important dans l'excès de mortalité" cet hiver, selon Daniel Lévy-Brühl, épidémiologiste à l'InVS.

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