Greenpeace tire la sonnette d’alarme sur les quantités de protéines animales dans les cantines scolaires

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R.Da.
Dans une étude, Greenpeace pointe la différence entre le nombre de protéines, notamment d'origine animale, que l'on trouve dans un plateau repas à la cantine et les recommandations des nutritionnistes. 

Nos enfants mangent trop de viande à la cantine, ou du moins trop de protéines. C’est la conclusion d’une étude menée par Greenpeace, et publiée lundi, sur les apports nutritionnels des menus servis dans les cantines scolaires, et notamment à la maternelle et au primaire. Ainsi, sur un milliard de repas distribués par an à six millions d'élèves en France, l’apport en protéines serait en moyenne deux à quatre fois supérieur aux recommandations des nutritionnistes, et notamment celles de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).

Greenpeace pointe en effet le fossé qui sépare les chiffres de l’ANSES en matière d’apport alimentaire des listes fournies par le Groupe d’étude des marchés restauration collective et nutrition (GEM-RCN). Cet organisme, rattaché au ministère de l’Economie, est chargé de guider les restaurateurs scolaires dans leurs achats. Pour cela, il traduit en quantité technique (nombre de repas, taille des portions, nombre de laitages, etc) les recommandations du Programme National Nutrition Santé, qui lui-même s’appuie sur les conclusions scientifiques de l’ANSES ou encore du Haut conseil à la santé publique. "Ce ne sont que des recommandations, mais elles sont suivies par une majorité des communes aujourd’hui", tient à préciser auprès d’Europe 1 Laure Ducos, chargée de campagne agriculture pour Greenpeace.

Des plateaux repas beaucoup trop riches

Ainsi, quand l’ANSES propose une dose totale de protéines allant de 4,8 g à 11,6 g pour le déjeuner d’un enfant de 3 à 11 ans, cette dose grimperait à 58,8 g (16,9 g de protéines végétales et 42,9 g de protéines animales) dans le contenu potentiel du plateau repas d’un garçon de 6 ans, selon les simulations de Greenpeace, soit 600% des apports recommandés. "La surconsommation de protéines animales en particulier, favorise chez les jeunes enfants le surpoids et l’obésité et les expose aux contaminants de la viande" comme les résidus antibiotiques, souligne l’étude.  

Différences en apport de protéines entre les recommandations de l'ANSES et celles du GEM-RCN :

greenpeace

Source : Greenpeace ©Greenpeace

 

L'influence des acteurs de la viande et du lait dans le choix des quantités

"Ce constat de trop de protéines était d’ores et déjà partagé par les nutritionnistes et les médecins", avoue Laure Ducos. "Mais Greenpeace a essayé de comprendre pourquoi il y avait trop de protéines. Et nous nous sommes rendu compte qu’au niveau national, il y avait un désengagement de l’Etat dans les groupes de travail qui rédigent les recommandations", explique-t-elle. Et ce désengagement aurait profité aux lobbies agro-alimentaires dont Greenpeace dénonce désormais l’emprise, notamment sur le GEM-RCN. "L'Etat laisse une trop grande importance aux représentants des filières viandes et produits laitiers qui pèsent autant que les nutritionnistes ce qui, à nos yeux, est tout à fait choquant'.

Ainsi, d’après le pointage de l’ONG, sur les 43 membres que comptaient les réunions de travail du GEM-RCN pour l’année 2014, au moins six personnes appartenaient à des filières ayant traits à la viande ou au lait, à l'image d'Interbev, association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, "destinée à défendre les intérêts des filières qu’[elle] représente", souligne l'étude. Un nombre égal à celui des nutritionnistes invités autour de la table, quand les représentants de l'Etat et des collectivités n'étaient pas plus de cinq.

"En matière de protéines animales […]  les recommandations du GEM-RCN (que les filières viandes et produits laitiers ne se lassent pas de diffuser) doivent impérativement être revues à la baisse. Pour cela il est urgent d’en modifier profondément le fonctionnement et la gouvernance, ou d’envisager d’autres méthodes d’élaboration des recommandations en matière de nutrition qui intègrent pleinement les impératifs en matière de santé et d’environnement", insiste Greenpeace.