Deux gynécologues font polémique en suggérant des excisions "minimalistes"

salle d'opération
Image d'illustration © PATRICK VALASSERIS / AFP
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C.C avec AFP , modifié à
Pour se justifier, ces gynécologues américains évoquent les traditions culturelles et comparent l'excision à la circoncision masculine. 

Des excisions "minimalistes" permettant de respecter les traditions culturelles sans mettre en danger la santé des femmes, devraient être tolérées, estiment deux gynécologues américains dans un article qui suscite une polémique entre spécialistes. "Nous ne disons pas que les interventions sur les organes génitaux de la femmes sont souhaitables, mais plutôt que certaines interventions devraient être tolérées par des sociétés libérales", écrivent les deux auteurs dans une revue spécialisée, le Journal of Medical Ethics

L'excision peut entraîner la mort en cas de choc hémorragique. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a lancé une campagne contre cette pratique, quelque 200 millions de femmes ont été victimes d'excisions dans le monde, principalement en Afrique et au Moyen-Orient. L'intervention consiste en l'ablation totale ou partielle des organes génitaux externes féminins (clitoris, petites et grandes lèvres) et est pratiquée sur des fillettes, parfois très jeunes pour des raisons culturelles, religieuses, voire sociales. Elle peut entraîner la mort en cas de choc hémorragique.

Les gynécologues comparent l'excision à la circoncision masculine. Pour les Drs Kavita Shah Arora et Allan J. Jacobs, tous deux de Cleveland, deux types d'excisions pourraient être tolérées : celles qui n'ont aucun effet durable sur l'apparence ou le fonctionnement des organes génitaux ou celles qui modifient "légèrement" leur apparence, sans avoir d'effet durable sur la capacité de reproduction ou sur l'épanouissement sexuel des femmes. Ils comparent ces interventions à la circoncision masculine qui est légale dans le monde occidental.  

Leurs collègues craignent que ces excisions dérivent vers des "fiascos". Brian D. Earp, un chercheur américain en bioéthique redoute pour sa part que l'autorisation d'excisions "minimalistes" aboutisse à un "fiasco", en multipliant les problèmes légaux, réglementaires, médicaux et sexuels.  Il préconise également une "attitude moins tolérante" face à la circoncision, soulignant que les enfants des deux sexes "ne doivent pas avoir leurs organes sexuels endommagés ou retirés avant qu'ils ne soient en âge de comprendre et de donner leur accord à ce type d'intervention".