Ces Français qui renoncent à se soigner

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avec Carole Ferry , modifié à
"J’ai préféré faire la radio de ma fille plutôt que la mienne", témoigne une mère de famille.

Un Français sur quatre ne se soigne pas, faute de moyens pour payer les frais médicaux : c’est le résultat du dernier baromètre Cercle Santé-Europe assistance. Un chiffre en hausse de 12% par rapport à l’année dernière.

Qui sont ces Français qui renoncent à se soigner ? Des chômeurs mais aussi des salariés avec des rémunérations très basses ou encore des femmes, souvent seules pour élever leurs enfants.

"Je suis obligée de toujours trancher"

"Malheureusement, je suis obligée de toujours trancher. Ma plus jeune fille avait une radio des sinus à faire et moi je souffrais d’une grosse crise d’asthme. Mon médecin m’a conseillé de faire une radio des poumons et des sinus. J’ai préféré faire la radio de la petite plutôt que la mienne", raconte Sandra, secrétaire en intérim et mère de deux filles, rencontrée par Europe 1.

"Je suis obligée de faire des choix", reconnaît Sandra :

Le docteur Didier Ménard, médecin généraliste à Saint-Denis, en banlieue parisienne, le confirme : les malades qui renoncent à se soigner ne sont "pas les plus pauvres". "De plus en plus, ce sont des gens qui travaillent, qui ont des salaires", explique-t-il. "Je récupère les vieilles lunettes et je les donne aux gens et chacun trie dans les lunettes pour savoir celle qui lui va le mieux", raconte encore ce médecin.

"Une dégradation du système"

Pour ces patients, souvent, pas de Couverture médicale universelle, ou CMU, puisqu’elle s’applique aux personnes avec des revenus inférieurs à 750 euros par mois. "Pour les soins courants, pour la médecine qui n’est pas celle des pathologies, on estime qu’ils ne sont pas remboursés à plus de 50-55% et donc tout va dépendre de la protection complémentaire", de la mutuelle, confirme Didier Tabuteau, responsable de la chaire Santé à Sciences Po.

Alors que le gouvernement doit faire des coupes pour établir le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2011, "on assiste très clairement à une dégradation du système" de santé français, met en garde Didier Tabuteau. Première du classement européen des systèmes de santé en 2006, la France a chuté à la 7ème place.

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