Autisme : comment détecter les premiers signes ?

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La Haute Autorité de Santé a émis des recommandations pour repérer plus précocement les troubles autistiques. Face à la difficulté du diagnostic, elle en appelle aux parents et aux professionnels.

"Plus le diagnostic est posé tôt, plus les interventions pourront être mises en place précocement et aideront l'enfant dans son développement". La Haute autorité de Santé émet lundi de nouvelles recommandations pour repérer plus précocement les "troubles du spectre autistiques", qui toucheraient environ 1% de la population française. S'il n'existe aucun traitement pour l’autisme, un diagnostic précoce permet une prise en charge plus efficace. Communication, alimentation, sommeil, émotivité, intellect… Sur tous ces points, les autistes peuvent développer des troubles plus ou moins sévères. Et plus on les travaille tôt, plus on peut les atténuer. Mais comment les repérer dès le plus jeune âge ?

Des troubles qui apparaissent souvent entre la naissance et trois ans

Il n’y a pas qu’une seule et unique forme d’autisme. Si les troubles apparaissent quasiment toujours avant trois ans, cela peut, dans bien des cas, commencer bien avant : parfois dès la naissance, parfois les tous premiers mois, souvent au bout d’un an et demi. Il n’existe pas de moyen objectif (pas de tests sanguins, de radiographiques…) pour faire le diagnostic. Mais certains comportements peuvent mettre sur la voie.

"Aucun de ces signes pris de façon isolée n'a de valeur prédictive, mais l'association d'au moins deux signes nécessite un examen clinique approfondi du développement de l'enfant", souligne la Haute Autorité. Par "signe", il faut entendre des troubles dans la gestuelle, les interactions avec l’extérieur et/ou la communication

Peu de réactions, peu de centres d’intérêt

La Haute Autorité de santé cite en exemple un enfant qui ne réagit pas à son prénom, ne montre pas du doigt, ne partage pas de sourire ou reste anormalement silencieux. L’absence de babillage, de pointage à distance ou d'autres gestes sociaux pour communiquer à 12 mois et au-delà (faire coucou, au revoir, bravo, etc.), l’absence de mots à 18 mois et au-delà, l’absence d'association de mots à 24 mois, la non utilisation du pronom "je" doivent également alerter.  

"Les personnes autistes ont une mauvaise appréciation des signaux sociaux ou émotionnels, comme l’intonation de la voix ou les expressions faciales. Elles ont beaucoup de mal à interpréter ce que les autres pensent ou ressentent, elles manquent d’empathie", complète le site du Centre ressource autisme (CRA), qui fait référence pour les professionnels spécialisés. Un enfant atteint d’autisme ne réagira peu, voire pas du tout lorsqu’on lui parle ou on le réprimande. Ses mimiques faciales sont peu expressives et il n’imite pas les gestes des adultes. Souvent, il ne joue pas avec les autres enfants à la crèche ou à l’école.

>> Le CRA d'Île-de-France propose cette affiche sur son site :

 

 

Autre signe potentiel : les intérêts des enfants autistes sont restreints. "Ils peuvent être fascinés par des objets inhabituels (bouts de ficelle, plumes, miettes…), ou utiliser de façon inhabituelle des objets ou des jouets (faire tourner indéfiniment une roue de petite voiture…). Souvent ils ont besoin de rituels plus ou moins complexes et supportent très mal les changements dans le quotidien", décrit le Cra, mentionnant aussi des "gestes répétitifs comme se balancer ou tourner sur soi-même".

Parmi les autres symptômes potentiels, on peut enfin citer :

  • Des compétences cognitives particulières, comme de très bonnes capacités visuo-spatiales, une mémoire très développée dans certains domaines
  • Des particularités sensorielles : défaut ou au contraire développement aiguë de l’ouïe, la vision, l’odorat, le toucher, de l’appréhension de la position dans l’espace, qui peuvent amener l’enfant à sur-réagir à certaines perceptions
  • Des troubles de la motricité et de la posture : difficultés de coordination droite-gauche ou haut-bas du corps, raideur et utilisation de la posture pour réguler les émotions, atteinte de la motricité fine

Parents et professionnels doivent être mobilisés

Face à l’absence de technique infaillible de dépistage, la Haute autorité de santé en appelle aux parents et à l’ensemble des professionnels en contact avec les enfants à se mobiliser.  "Les personnels des crèches et des écoles", qui jouent un rôle essentiel dans le dépistage, doivent "porter une attention particulière et continue au développement de la communication sociale de chaque enfant", et "le médecin traitant est l'acteur clé pour établir un premier bilan", insiste la HAS. "L'inquiétude que peuvent manifester les parents concernant le développement de leur enfant ne doit jamais être minimisée", martèle l’autorité.

Le premier interlocuteur du parcours de prise en charge est en effet le médecin traitant. Lorsque les parents ont un doute ou que le personnel de crèche leur fait remonter des observations intrigantes, il est la première personne à aller voir. Si le médecin a une "suspicion" de troubles du spectre de l'autisme (TSA), il doit prescrire une "évaluation par une équipe spécialisée", coordonnée par un médecin, et comprenant des spécialistes notamment en pédopsychiatrie, en action médico-sociale et en pédagogie. Si les troubles se confirment, c’est cette équipe qui indiquera l’accompagnement et le prise en charge adéquate.