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G.D. , modifié à
Yonathan Arfi, vice-président du Crif, a réagi aux propos de Marine Le Pen qui a estimé que la France "n'est pas responsable du Vél' d'Hiv'". Il dénonce "un calcul politique".
INTERVIEW

"Un raidissement volontaire de sa campagne." Voilà comment Yonathan Arfi, vice-président du Crif (Conseil représentatif des insitutions juives de France), a analysé les propos de Marine Le Pen. Interrogée sur la rafle du Vél' d'Hiv' dimanche sur France 3, la candidate du Front national à l'élection présidentielle a estimé que la France n'était "pas responsable". "C'est évidemment une position traditionnelle du Front national. C'est une manière d'inscrire le FN durant cette campagne présidentielle dans sa traditionnelle vichyste et collaborationniste", a réagi Yonathan Arfi sur Europe 1.

Une stratégie volontaire. Pour lui, il ne s'agit donc pas d'un dérapage de la part de Marine Le Pen : "Marine Le Pen est parfaitement consciente de ce qu'elle fait. Je crois que cela correspond à un raidissement volontaire de sa campagne. Nous sommes au premier jour de la campagne officielle et les sondages se resserrent. Elle se sent sous la menace de ses poursuivants et face à cela elle ressent le besoin de mobiliser les plus radicaux des soutiens traditionnels du FN. Pour cela, la question du rapport à la Seconde Guerre mondiale et à la Shoah est un marqueur politique fort au sein du Front national."

"Il y a pour elle aujourd'hui un calcul politique, celui d'aller chercher le noyau dur historique du Front national. Elle sent qu'elle ne pourra passer au second tour qu'avec une remobilisation de son électorat traditionnel. (...) L'ADN du Front national est basé sur un schéma d'exclusion, une vision de l'identité nationale étriquée. Et c'est bien cela que Marine Le Pen veut réactiver aujourd'hui avec ces déclarations", a-t-il ajouté.

L'affaire portée en justice ? Yonathan Arfi a par ailleurs confié que le Crif étudiait la possibilité de porter l'affaire en justice : "C'est quelque chose qu'on étudie mais je me méfie de la manière dont elle pourrait instrumentaliser une telle démarche. La manière dont elle se présente en persécutée est partie intégrante de sa stratégie politique. Ce qu'il faudrait, c'est qu'il y ait une réaction unanime de la classe politique. C'est une manière de montrer où se situe la ligne entre ceux qui sont républicains et ceux qui ne le sont pas. Marine Le Pen prétend en permanence être la plus républicaine des républicains. Ses propos viennent témoigner du fait que c'est bien le contraire. (...) Quand on joue la corde des thèses collaborationnistes, c'est la preuve qu'on est prêt à vendre l'âme de la France."