Woerth : le Crédit agricole dément

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Hélène Favier (avec AFP) , modifié à
La polémique Woerth passera-t-elle l’été ? Deux nouvelles affaires maintiennent le ministre dans la tourmente.

Véritable feuilleton politico-financier depuis juin dernier, la polémique Woerth pourrait bien passer l’été. Après avoir été mis en cause de l’affaire Bettencourt, puis dans le financement de la campagne de 2007, la vente de l’hippodrome de Compiègne et de la succession du sculpteur César, le ministre du Travail est embarrassé par deux nouvelles affaires, toutes deux révélées par le site Mediapart, à l'origine de la polémique. Son entourage dénonce un "acharnement".

Woerth mis en cause pour un emprunt

Eric Woerth se voit d’abord reprocher par Mediapart une déclaration de revenu tronquée lors de ses démarches pour obtenir un prêt pour sa campagne municipale à Chantilly, dans l’Oise.

Début 2008, le ministre a en effet contracté un emprunt de 6.500 euros auprès du Crédit Agricole de la ville pour les besoins de financement de sa campagne. Sur le formulaire de demande de prêt, le candidat fait état d'un revenu mensuel de 3.000 euros, alors qu'il percevait à l’époque environ 14.000 euros bruts par mois comme ministre et quelque 2.400 euros comme maire, révèle Mediapart citant un document de la banque.

"Quel intérêt a-t-il à mentir ?"

Prenant en compte les différents emprunts d’Eric Woerth, la banque a alors calculé, à partir de sa déclaration, que ce dernier ne disposait pour vivre que de "112 euros par mois" et présentait un "endettement bancaire de 89%".

Mediapart signale en outre que Eric Woerth se présente comme "ingénieur cadre technicien" et "ne mentionne aucun impôt sur le revenu". "Quel intérêt a-t-il à mentir sur sa situation ? A-t-il des revenus à cacher ?", s’interroge Mediapart.

Démenti du Crédit Agricole

Les revenus mentionnés dans le document "correspondent aux revenus arrondis perçus (...) en tant que maire", soit "2.400 euros brut", a affirmé pour sa part l'entourage d'Eric Woerth, avant d'ajouter : "Il s'agit d'un prêt lié à des élections municipales, c'est donc tout à fait cohérent".

"Sauf erreur, depuis quand quelqu'un qui cherche un prêt bancaire minore-t-il ses revenus ?", a renchéri la même source, estimant que "chaque Français comprendra à nouveau l'absurdité de ces allégations".

Le Crédit Agricole Brie Picardie a apporté "un démenti formel à toutes les allégations ou interprétations qui pourraient vouloir être tirées d'un document de travail purement provisoire et ne représentant aucun caractère contractuel".

Alors que la banque n'exclut pas de saisir la justice pour "violation du secret bancaire", Mediapart a publié lundi soir une réponse, mettant en avant notamment un document qui a été "signé et paraphé par le ministre" et "versé aux comptes de campagnes par le candidat lui-même.

Une Légion d'honneur controversée

Eric Woerth a également été mis en cause vendredi dernier pour avoir attribué la Légion d'honneur au comptable ayant certifié ses comptes de campagne municipale.

"Plus gênant", selon Mediapart, le même comptable a, l'année suivante, certifié les comptes 2008 du micro-parti local du ministre, l'"Association de soutien à l'action d'Eric Woerth". "Avait-il l'absolue liberté de dénoncer d'éventuelles tricheries ?", interroge le site d'information.