Wauquiez congédie Calmels : un coup de force qui trahit la position de faiblesse du patron des Républicains

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Hélène Jouan, chef du service politique d'Europe 1
Déjà snobé par plusieurs ténors de la droite, Laurent Wauquiez a décidé dimanche de limoger sa vice-présidente Virginie Calmels, après de nouvelles critiques sur sa ligne politique. 

"Un chef, c’est fait pour cheffer" s’est plu à lui répéter Nicolas Sarkozy la semaine dernière lors de leur tête à tête ; le conseil était destiné à l’encourager à prendre la tête de liste des prochaines élections européennes. Laurent Wauquiez n’a pas pris le conseil à la lettre, mais il en a conservé l’esprit. Dimanche, dans son communiqué, pas un mot sur celle qu’il éjecte, seulement le nom de celui qui la remplace, le centriste Jean Léonetti. Expéditif. Un acte d’autorité. Un chef qui cheffe.

Le mot de trop. Dans Le Parisien Virginie Calmels a joué la provoc de trop. Elle a fustigé une fois encore la ligne Wauquiez, défendant sa liberté de penser. Mais un numéro deux peut-il être un opposant au numéro un ? Le coup est parti. Le fusil en réalité était armé depuis un moment. Pendant la campagne pour la présidence de LR, l’adjointe à la mairie de Bordeaux a permis à Laurent Wauquiez d’incarner a minima le rassemblement du parti.

Un président qui garde son cap. Mais depuis six mois, en froid avec Alain Juppé lui-même pour "déloyauté", agaçant tous les autres élus par son ambition à vouloir obtenir coûte que coûte la tête de liste aux européennes, critiquant à tout va ces derniers jours le tract diffusé par le parti "pour que la France demeure la France", Virginie Calmels a mis le président des Républicains au pied du mur. Soit il s’amendait, soit il persévérait. Il a tranché, et l’a virée. En prenant soin, pour une fois, d’en avertir les élus les plus importants de son parti.

 

Un groupe de fidèles qui s'étiole. Malmené dans les sondages, interrogé sur sa ligne politique qui ne fait pas l’unanimité, quitté ou snobé par quelques grands élus - Bertrand, Estrosi ou Pécresse - Laurent Wauquiez ne pouvait se permettre en interne un outrage de plus à son autorité. Il a l’habileté de nommer un ex-centriste, Jean Léonetti, pour la remplacer, histoire de ne pas être accusé ce coup-ci de resserrer plus encore le parti. Mais le résultat dans l’immédiat est pourtant celui-là. Alain Juppé se rabiboche avec la bannie, et on attend les autres : à quand la sortie pour une Valérie Pécresse qui présente ce matin ses propositions en matière d’Europe, aux antipodes de celles défendues par son président ? Laurent Wauquiez a certainement resserré les rangs de son carré de fidèles. Un quarteron de généraux, c’est indispensable pour mener une bataille. Ça suffit rarement à gagner une guerre.