Vote des étrangers : quand Sarkozy varie

Sarkozy change d'avis sur le droit de vote des étrangers
Sarkozy change d'avis sur le droit de vote des étrangers © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
Mercredi, le président s’est prononcé contre cette disposition, qu’il soutenait pourtant en 2005.

Pas une présidentielle sans que ce débat ne soit évoqué. Mercredi, en se prononçant contre le droit de vote des étrangers aux élections locales, Nicolas Sarkozy a relancé une controverse vieille de 1981, date à laquelle, le programme de campagne du candidat François Mitterrand faisait la part belle à cette disposition.

"Je crois depuis longtemps..."

S’exprimant sur une proposition de loi socialiste que le Sénat doit examiner le 8 décembre, le chef de l'Etat a fait savoir que l’idée du droit de vote des étrangers aux élections locales "était hasardeuse". Parce que, selon lui, elle risque de diviser profondément les Français au moment où, plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler". Aujourd'hui, seuls les ressortissants de l'Union européenne peuvent voter en France aux élections municipales et européennes.

Devant près de 3.000 maires réunis à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a même ajouté cette précision sur ses convictions personnelles : "je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu dans nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française".

L’occasion était alors trop belle pour le PS qui, s’est empressé de qualifier d'"hasardeuse", la mémoire de Nicolas Sarkozy. Le groupe socialiste à l'Assemblée s’est même lancé, de plein pied, dans la méthode du fact-cheking, chère aux médias, exhumant de vieilles déclarations du chef de l'Etat.

"En ce qui me concerne, j’y suis favorable"

Notamment celle-ci : en 2005, Nicolas Sarkozy est un ministre de l’Intérieur très critiqué par l’opposition pour ses prises de position sur l’immigration. A la surprise du gouvernement Villepin, il se prononce alors pour le droit de vote des étrangers. "Il ne serait pas anormal qu’un étranger en situation régulière qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins 10 ans en France, puisse voter aux élections municipales", déclarait-il à l’époque, précisant : "en ce qui me concerne, j’y suis favorable".

Comment expliquer ce revirement ? L’ex-ministre de Intérieur, Brice Hortefeux qui prépare la campagne présidentielle de l’UMP a cru trouver la réponse, mercredi soir sur le plateau d’Expliquez-vous sur Europe 1.

Selon lui, le chef de l’Etat n'avait donné à l'époque qu'un oui conditionnel. Nicolas Sarkozy "s’était prononcé pour le droit de vote des étrangers sous une clause que le Parti socialiste semble oublier. Et cette clause, c’est la clause de réciprocité", a-t-il nuancé. La réciprocité impliquerait dans ce cas que les Français vivant à l’étranger puissent également voter aux élections locales du pays dans lequel il réside.

En octobre, la Droite populaire, groupe à la droite de la droite à l'UMP, avait annoncé le lancement d’une pétition contre le projet socialiste d’accorder le droit de vote aux étrangers (hors Union européenne) aux élections locales. Jeudi, à l'occasion de sa visite aux Tarterêts, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a redit l'opposition du gouvernement contre le droit de vote des étrangers.