Vote des étrangers : l’appel d’élus PS

© REUTERS
  • Copié
Fabienne Cosnay , modifié à
Dans Le Monde, 75 députés rappellent à François Hollande son engagement de campagne.

"Le droit de vote des étrangers aux élections, c'est maintenant". Dans une tribune publiée lundi dans Le Monde, 75 députés socialistes rappellent à François Hollande son engagement pendant la campagne présidentielle d’accorder le droit de vote aux étrangers pour les élections locales.

>>> Sur Le Lab : Le nombre de signataires ne cesse d'évoluer

Un texte qui intervient alors que le président serait prêt à "enterrer" cette promesse, selon des propos rapportés par le Canard Enchaîné, mercredi. "C'est une réforme constitutionnelle, et, pour l'instant, nous ne disposons pas d'une majorité des trois cinquièmes pour la faire adopter", aurait confié le président.

"La réforme doit intervenir rapidement"

Sous le titre "le droit de vote des étrangers aux élections, c’est maintenant !", cette tribune est co-signée par 75 députés socialistes, dont Elisabeth Guigou, Sandrine Mazetier, Patrick Menucci ou encore Razzy Hammadi.

Dans ce texte, les signataires demandent à François Hollande de lancer cette réforme au plus vite. "La réforme doit intervenir rapidement, pour se donner les moyens de l'appliquer lors des prochaines municipales" de 2014, écrivent ces élus de diverses sensibilités."Mettre en place le droit de vote et d'éligibilité des étrangers aux élections municipales ne se fera pas en un jour. D'abord parce que l'adoption de la loi constitutionnelle à l'Assemblée nationale, la réforme de la Constitution par le Parlement, la loi organique et sa mise en application requièrent un temps incompressible. Par ailleurs, cette mesure changera la nature du corps électoral en France : loin d'être votée à la va-vite, elle doit au contraire être discutée publiquement pour en expliquer la portée et sa contribution à une République réconciliée avec ses citoyens", écrivent les signataires.

Manuel Valls confirme que ce n'est pas la priorité

Qualifiant de "courageuse" cette proposition du candidat Hollande, reprise d'une proposition de François Mitterrand en 1981 jamais réalisée, ces députés plaident pour que le statut des étrangers "passe enfin de celui d'invisibles à celui d'acteurs de la vie locale".

Valls

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, interrogé par Le Monde, confirme que la 50ème proposition de François Hollande n’est pas aujourd’hui une priorité. "Est-ce que c'est aujourd'hui une revendication forte dans la société française ? Un élément puissant d'intégration ? Non. Ça n'a pas la même portée qu'il y a trente ans. Aujourd'hui, le défi de la société française est celui de l'intégration", déclare-t-il au quotidien.

"Attention à la jonction droite-extrême droite sur ce sujet. Il faut bien évaluer les conséquences d'un réferendum, pas seulement en termes de résultats mais aussi de déchirure dans la société française", met encore en garde Manuel Valls. "Ce débat risque de provoquer des fractures. Dans un moment de crise, on voit bien comment cela peut être utilisé, agité", conclut-il.