Visite surprise d'Emmanuel Macron dans deux quartiers sensibles de Cayenne

Emmanuel Macron, Guyane, ALAIN JOCARD / AFP 1280
Le président souhaitait "se confronter à la réalité du terrain", dans des quartiers où vivent une majorité de clandestins. © ALAIN JOCARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans le quartier de Cogneau Lamirande, à Matoury, le chef de l'Etat a créé la surprise en se présentant à plusieurs dizaines de jeunes, rassemblés sur le bord de la route.

Emmanuel Macron a effectué vendredi soir une visite surprise dans deux quartiers sensibles de Cayenne et sa périphérie, où il a notamment abordé les thèmes de la sécurité et de l'immigration avec une population souvent en situation irrégulière. Le chef de l'Etat s'est rendu au Rond-point des 100 boîtes aux lettres à Matoury et dans le quartier de la Crique à Cayenne, parfois surnommé "Chicago".

Faire face "à la réalité du terrain". Ils sont souvent jeunes, venus d'Haïti, du Surinam, du Brésil, ou du Guyana. Trafic de drogue, prostitution et violence marquent ces lieux. Au Rond-Point des 100 boîtes aux lettres, dans le quartier de Cogneau Lamirande, à Matoury, le chef de l'Etat a créé la surprise en se présentant à plusieurs dizaines de jeunes, rassemblés sur le bord de la route.

"Bravo d'être venu", entend-on fuser, dans ce quartier réputé "chaud". Le long de la route sont alignées des dizaines de boites aux lettres. "C'est pour les gens qui n'ont pas d'adresse", explique un jeune homme. Un responsable associatif raconte que le quartier, constitué d'habitats spontanés, "à 3 kilomètres  de profondeur. On ne fait que commencer à donner des rues, des noms de rue, alors tout le monde vient prendre son courrier ici". Ce sont "des adresses qui leur permettent de toucher des aides", dit-il.

"On ne peut pas donner des papiers à tout le monde." "Je voulais venir voir, parce qu'il fallait expliquer à des jeunes qui disent 'on demande des papiers', qu'on ne peut pas donner des papiers à tout le monde", déclare Emmanuel Macron. Il insiste sur la nécessité de développer des "formations qualifiantes" pour ceux qui sont en situation régulière.  "On avait fait une journée de l'emploi mais cela a été terrifiant. Il y avait plus de 6.000 jeunes qui sont venus", raconte le responsable. "Pourquoi ils ont supprimé les contrats aidés ?", lui demande un jeune homme. "Vous mettez trop de jeunes au chômage. Les contrats aidés sauvaient beaucoup de monde ici."

Le chef de l'Etat, accompagné de la maire de Cayenne Marie-Laure Phinera-Horth, a ensuite arpenté La Crique, un quartier dont la réputation de dangerosité n'est plus à faire. "C'est là qu'il y a des problèmes de drogue, c'est un quartier chaud. Il y a des dealers, du trafic de stupéfiants, de la prostitution", raconte l'élue. "Il y avait des Vietnamiens au départ ici. Maintenant les Dominicains, les Haïtiens, les Brésiliens occupent les lieux", dit-elle.

Sans papiers, "vous ne pouvez pas travailler". Un homme interpelle le chef de l'Etat à propos du regroupement familial qu'il a demandé, mais qu'on lui refuse, dit-il. Il est Haïtien en situation illégale. "C'est normal, il y a des règles, on ne peut pas accueillir tout le monde", lui répond Macron. L'homme s'emporte : "J'ai jamais tué, j'ai jamais volé." Un jeune couple venu d'Haiti évoque ses difficultés à trouver du travail. "Si vous n'avez pas de papiers, vous ne pouvez pas travailler", répond le chef de l'Etat.