VIDEO - Désir, icône glamour des 80's

Harlem Désir, futur premier secrétaire du PS, s’est fait connaître au milieu des années 80 en fondant l’association SOS Racisme.
Harlem Désir, futur premier secrétaire du PS, s’est fait connaître au milieu des années 80 en fondant l’association SOS Racisme. © Capture écran INA
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Frédéric Frangeul , modifié à
Le socialiste, appelé à diriger le PS, crevait l’écran lors des débuts de SOS Racisme.

Jeune quinqua, Harlem Désir, choisi mercredi par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault pour la tête du PS, s’est fait connaître il y a près de 30 ans en fondant l’association SOS Racisme. D'un père martiniquais et d'une mère alsacienne il en fut le très médiatique président. Pendant près d’une décennie, il a incarné cette association sur tous les plateaux. Retour sur en images sur la naissance d’une icône.

C’est en janvier 1985 que les téléspectateurs français découvrent l’allure élégante et le verbe posé du jeune Harlem Désir, lors d’un reportage sur la création d’une nouvelle association, baptisée SOS Racisme.

Dans les locaux de l'association, arborant deux badges de SOS Racisme sur son pull beige et marron, Harlem Désir se veut pédagogue : "Même si les phénomènes racistes ont existé depuis très longtemps, il y a maintenant un certain nombre de jeunes qui commencent, eux aussi, à reprendre l'idée qu'un arabe, ça va, mais trois arabes, bonjour les dégâts", explique-t-il. "C'est encore une minorité mais c'est trop grave pour qu'on le laisse passer", déplore celui qui est depuis 1982 adhérent au parti socialiste.

L’association anti-raciste, facilement identifiable par son logo, la célèbre main jaune ornée de la phrase "Touche pas à mon pote", rencontre très vite le succès. Née dans la foulée de la marche des beurs de 1983, elle est soutenue par de très nombreuses personnalités comme Marek Halter,  Bernard Henri-Levy, Coluche ou Guy Bedos.  

C’est le début du vedettariat pour Harlem Désir, dont les médias s’arrachent la parole.  "Les médias en ont la responsabilité", répond alors l’intéressé à une question sur sa médiatisation.  "Si, aujourd'hui, je vous avais demandé d'interviewer Téma, Fatima ou Julien, vous auriez refusé", regrette-t-il. Le licencié en philosophie déplore "la personnalisation outrancière" qui donne "une image appauvrie et déformée de SOS Racisme qui est un mouvement profondément collectif".

Mais le succès commence à faire des envieux et les premières critiques tombent, évoquant les coups marketing et la récupération politique de la majorité socialiste de l’époque. "Il ne fait pas essayer de dresser les beurs contre SOS Racisme, c'est aberrant", répond Harlem Désir.

L'association organise dans le seconde partie des années 1980 de nombreuses manifestations et campagnes en faveur de l'égalité des droits, de la lutte contre le racisme ou les discriminations. Le 15 juin 1985, Harlem Désir prend la parole devant plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies sur la place de la Concorde à Paris.

A l’occasion d’un concert géant, il remercie la foule : "Vous le savez, ce mouvement n’appartient à personne. Il n’appartient qu’à vous. A vous qui portez le badge, que vous soyez beur de Bordeaux, juif de Toulouse ou antillais de Brest", scande-t-il avec sa coiffure afro et son indéniable talent oratoire.

La carrière publique d’Harlem Désir est désormais lancée. Le héraut de l’anti-racisme est invité aux émissions les plus à la mode. Il participe ainsi à "Lunettes noire pour nuit blanche" présenté par Thierry Ardisson, où l’animateur le soumet au célèbre questionnaire de Proust. "Je ne suis qu’à moitié réformiste, explique-t-il à cette occasion. "Les réformes ne sont jamais complètement satisfaisantes", insiste-t-il, avouant préférer la révolution à la réforme.

Au début des années 90, Harlem Désir tourne la page SOS Racisme. Après divers emplois dans la communication et l'édition, il rentre au conseil national du PS en 1994 et est promu trois ans plus tard au bureau national.

Dans une interview au quotidien Libération, Harlem Désir revenait en 2009 sur l’évolution de son image au fil des décennies. "Quand on parle de moi, aujourd'hui, la ligne directrice, c'est : 'Il était jeune et beau. Il est devenu sérieux et chiant'. C'est un récit convenu, dont je me sens assez détaché", confiait-il.

Alors qu’il est en passe de prendre la tête du parti au pouvoir, l’ancien trublion de la jeunesse est désormais devenu un respectable apparatchik. La coiffure afro a fait place aux cheveux ras et une langue nettement plus boisée a remplacé la célèbre main jaune.