Vers une autre campagne après Toulouse ?

Après la trêve fragile, l'affaire Toulouse/Montauban va marquer la campagne
Après la trêve fragile, l'affaire Toulouse/Montauban va marquer la campagne © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Après la tuerie de Toulouse, les candidats à la présidentielle font campagne différemment.

La campagne est-elle suspendue ou a-t-elle changé de forme ? Après la tuerie qui a fait quatre morts, lundi matin, dans une école juive de Toulouse, les candidats à la présidentielle ont mis en suspens leur course à l’Elysée, annonçant une parenthèse dans la campagne, au moins jusqu’à "mercredi".

A court terme, une campagne suspendue  

Depuis lundi et le traumatisme de Toulouse, les affrontements verbaux ont fait place "à la cohésion nationale".  Et de fait, "la campagne est effectivement suspendue pour quelque temps... Mais elle va surtout changer de forme", explique à Europe 1 Gaël Sliman, directeur du pôle Opinion de l’institut BVA, soulignant l’ampleur du choc et l’émotion suscitée par la tuerie de Toulouse.

"Dans les jours qui viennent, la campagne va, en effet, prendre une autre forme, une forme dramaturgique", insiste-t-il, alors que de nombreux candidats n’ont pas ralenti leur rythme. Les deux principaux protagonistes de la course à l'Elysée, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont, par exemple, mis en veille leurs déplacements de campagne, mais sont extrêmement mobilisés pour rendre hommage aux victimes de cette tuerie. Comme d’autres candidats, ils ont participé mardi matin à la minute de silence dans les écoles.

A long terme, une campagne qui change de forme

Ce nouveau contexte pourrait redistribuer les cartes entre les différents candidats. "Dans une situation classique - de présentation de programmes et de petites phrases - , Nicolas Sarkozy n’aurait eu quasiment aucune chance de rattraper son retard sur son rival socialiste François Hollande. Mais dans une période de crise très aigue comme celle-ci, tout président en fonction ‘bénéficie’ d’un sentiment national assez habituel", estime encore Gaël Sliman avant d’insister : "C’est encore plus patent pour Nicolas Sarkozy, qui, contesté sur le chômage ou le pouvoir d’achat, est considéré comme un homme de gestion de crise".

Et ce bouleversement pourrait "coller" à la campagne, jusqu’à son terme. "Je continue de le dire : nous sommes loin d’avoir fait le tour d’un tel drame. Dans ce moment démocratique qu’est une élection, il a des impacts et nous n’aurons pas le temps de dépasser cet évènement" de Toulouse, estime ainsi le politologue Dominique Reynié, rappelant que le premier tour du scrutin aura lieu dans un mois.

"Il y a des faits qui vont apparaître encore. Et la manière dont on va conclure - selon une hypothèse ou l’autre - aura également des conséquences sur cette campagne", ajoute le professeur de l'Institut de sciences politiques de Paris, sur Europe 1.   

De nouveaux thèmes de campagne

Les thèmes abordés pour le reste de la campagne seront également différents. La question de la sécurité  "qui n'a jamais vraiment quitté les débats", selon Dominique Reynié pourrait devenir plus présente. En 2002 déjà, la campagne présidentielle avait été perturbée par plusieurs faits divers  : la tuerie de Nanterre d'abord à un mois du premier tour et, trois jours avant le scrutin, l'agression d'un retraité à Orléans, appelé "papy Voise". La sécurité était alors devenue le thème principal de la campagne. 

La tuerie de Toulouse pourrait également faire émerger un autre thème majeur dans la campagne présidentielle : celui du "vivre ensemble", conclut Dominique Reynié.

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