Valls reprend la main sur l’autorité à Moirans… et sur Facebook

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Manuel Valls et Bernard Cazeneuve se rendent à Morans pour parler sécurité et autorité. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP
Après avoir publié une tribune sur Facebook, le Premier ministre se rend vendredi en Isère, où des scènes d’émeutes ont eu lieu il y a deux semaines. Objectif : faire preuve de fermeté.

Accusé de laxisme, de laisser faire la "chienlit", d’affaiblir l’Etat, Manuel Valls réplique. Pour restaurer son autorité, le Premier ministre dégaine une riposte en deux coups : tribune sur Facebook, d’abord, visite vendredi à Moirans, ensuite. C’est dans cette ville de l’Isère qu’il y a deux semaines, des gens du voyage avaient commis des violences pour réclamer la libération, le temps d’obsèques, d’un prisonnier. Des scènes d’émeutes qui avaient suivi ou précédé pêle-mêle des violences à Air France, une fusillade mortelle à Marseille ou encore un violent règlement de comptes à Clermont-Ferrand. Autant d’événements exploités par la droite et son chef de file, Nicolas Sarkozy, pour critiquer le gouvernement. Et qui oblige donc Manuel Valls à donner de sa personne.

Premier coup : une tribune sur Facebook. Choses rare, Manuel Valls a choisi Facebook pour lancer sa séquence, via une tribune publiée jeudi en fin d’après-midi. Une méthode de communication prisée par un certain Nicolas Sarkozy, celui-là même qui termine une longue séquence médiatique sur le thème, justement, de la sécurité. "Dans un monde en pleine transformation, face à des Etats-nations percutés de plein fouet par la mondialisation, les individus éprouvent un besoin de sécurité de plus en plus grand et ressentent un doute profond quant à la capacité des pouvoirs publics à agir dans l'intérêt de chacun", écrit le Premier ministre dans cette tribune publiée sur son compte Facebook.

"Face à cela, il y a deux voies", poursuit  Manuel Valls, qui a fait de l'autorité un des marqueurs de son ascension politique à gauche. Là, Nicolas Sarkozy, car c’est bien lui qui est visé, en prend pour son grade. "La première: celle de ceux qui singent l'autorité, la dénaturent, versent dans le seul autoritarisme, par l'agitation des mots et la facilité des postures", écrit le Premier ministre. "C'est toujours l'attitude de l'extrême droite. C'est souvent, et de plus en plus, l'attitude d'une partie de la droite, qui lui court après. Les tenants de cette vision disent défendre l'autorité, mais ne font que l'affaiblir en attaquant, en permanence, à grand renfort de démagogie, d'instrumentalisation des chiffres, toutes celles et tous ceux qui l'incarnent."

Manuel Valls défend une "seconde voie" qu'incarnerait son gouvernement, "celle qui consiste à agir avec constance pour renforcer l'autorité", en "corrigeant les dérives du passé et en renforçant structurellement l'autorité". Il défend une "éthique de comportement", consistant en un "respect scrupuleux" de l'indépendance de la Justice. Mais aussi "le dialogue, le respect des corps intermédiaires, des syndicats, des nombreux dispositifs de consultation qui donnent vie à notre démocratie".

Deuxième coup : la visite à Moirans. Après les mots, les actes. Vendredi, Manuel Valls se rend donc à Moirans, flanqué du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et du secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale et élu de l'Isère, André Vallini. Le Premier ministre s'entretiendra avec des habitants ainsi que le maire et les élus de Moirans, puis il s'exprimera devant les forces de sécurité et les services de secours qui sont intervenus pour rétablir l'ordre. Alors qu’aucune interpellation n’a encore eu lieu depuis les événements du 20 octobre, le Premier ministre devrait appeler les forces de l’ordre à agir.