Valls is not the new Fillon

  • Copié
Antonin André avec M.B. , modifié à
Si les deux hommes ont en commun d'avoir été Premier ministre avant de se lancer dans la course à l'Élysée, ni leur attitude ni leur parcours ne sont semblables.

Tel Clark Kent qui entre dans une cabine téléphonique et ressort en Superman ou Don Diego de la Vega qui disparaît avant que Zorro ne fasse son entrée la minute d'après, Manuel Valls a tenté, lundi soir, de faire sa mue. D'enlever son costume de Premier ministre autoritaire pour endosser celui de candidat adouci, qui rassemble la famille et réconcilie la gauche. 

Dans les pas de Fillon. Et le futur-ex-Premier ministre ne s'est pas mal débrouillé, trouvant notamment les mots justes. Son discours, axé sur la protection des plus faible, la mondialisation au service du peuple, l'éducation et la démocratie sociale, était convaincant et bien exécuté. Manuel Valls espère ainsi imiter François Fillon, ce Premier ministre triomphant qui n'a pas été plombé par le bilan de son président. Mais la situation n'est pourtant pas exactement la même. Le Sarthois, lui, a occupé le poste il y a cinq ans. Et la droite amnésique a effacé ses années Sarkozy. Manuel Valls, lui, sort tout juste de l'Hôtel de Matignon. Le bilan de François Hollande, il l'incarne, et ses adversaires à la primaire vont tout faire pour l'y enfermer. L'ancien maire d'Evry parie sur un effacement de la mémoire immédiate de la gauche, ce qui est pour le moins incertain.

Valls ne s'efface pas... Pour autant, il n'y a pas nécessairement de "théorème de Fillon", qui obligerait à respecter un délai d'oubli de cinq ans pour espérer l'emporter par la suite. Manuel Valls n'est pas François Fillon, chef du gouvernement qui s'était éclipsé tout le quinquennat derrière Nicolas Sarkozy, se contentant du rôle du collaborateur. Il n'était donc pas incontournable en 2012, n'incarnait pas le successeur naturel. Il aura fallu un quinquennat supplémentaire aux Français pour le découvrir. De ce point de vue, Manuel Valls est exactement l'inverse : jamais il ne s'est effacé dans l'ombre de François Hollande. 

....il s'impose. On se souvient par exemple de lui le 13 juillet 2013, la veille du moment éminemment présidentiel qu'est le 14 juillet. Alors ministre de l'Intérieur, Manuel Valls était en Camargue et marquait au fer rouge un taureau, avant de tenir un grand discours sur la République. Par la suite, dans l'affaire Leonarda, sur la déchéance de nationalité, le burkini ou encore le financement de l'islam de France, il a toujours imposé son tempérament et ses convictions, quitte à parfois aller à l'encontre de celles du chef de l'État. Contrairement à François Fillon, Manuel Valls a occupé le terrain, allant jusqu'à dissuader le président d'être candidat à la présidentielle. Les Français ne le découvrent pas. Il s'est imposé à eux et à la gauche, et c'est aussi ce qui peut faire sa force.