Valls accuse Gaudin de "démagogie"

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Hélène Favier avec AFP , modifié à
Le ministre refuse que toute la ville de Marseille soit placée en zone de sécurité prioritaire.

Manuel Valls s'en est pris vigoureusement au maire de Marseille Jean-Claude Gaudin qui réclame le classement entier de sa ville en zone de sécurité prioritaire (ZSP).

Le ministre de l'Intérieur s'est ainsi dit "consterné" par la demande de l'élu marseillais, qui avait ajouté trouver inacceptable "que seules les circonscriptions de députés socialistes soient classées" en ZSP. "Je suis un ministre de l'Intérieur qui veut travailler avec tous les élus mais je ne laisserai pas un tel propos passer", a déclaré Manuel Valls. Le ministre a également fustigé les propos "du même type" de l'ancienne garde des Sceaux UMP, Rachida Dati, demandant samedi ce que faisait le gouvernement après un braquage à Marseille qui a fait un blessé grave.

Manuel Valls a d'abord promis une "montée en puissance" des ZSP dans les quartiers difficiles : quinze dès septembre, a-t-il rappelé, une cinquantaine en 2013. 

Marseille, "en très grande perdition"

"Marseille est une ville en très grande perdition, qui a besoin d'une réponse exceptionnelle de l'Etat et c'est ce qui va être fait avec la réunion de jeudi", a encore insisté le ministre, évoquant le comité interministériel prévu à Matignon.

"Jean-Claude Gaudin a nié pendant des années les problèmes de sécurité à Marseille. Il a laissé à l'abandon des pans entiers de sa ville touché par l'insécurité", a insisté Manuel Valls. Pour lui il faut "d'abord des changements de structure" dans la cité phocéenne, "notamment dans l'organisation de la police, et de la gendarmerie". 

"Il y aura des moyens supplémentaires, cela veut dire aussi des changements d'hommes", a-t-il ajouté, sans en préciser davantage. Les demandes de ZSP de la part des élus démontrent "qu'il y a des moyens qui manquent. C'est aussi un appel à une police de proximité, se traduisant par une présence continue et fidélisée", a analysé le ministre.

Un appel à une police de proximité

"Cela prouve qu'il y a ces dernières années quelque chose qui ne marche plus. Il y a une attente de voir des policiers et des gendarmes plus proches des citoyens. On a besoin d'un rapport de confiance", a-t-il affirmé avant d'insister : mais "on ne va pas développer des ZSP sur tous les territoires, elles y perdraient de leur force. On ne peut pas mettre des policiers et des gendarmes partout (...) sinon nous affaiblissons le dispositif". 

Pour le ministre, ces ZSP vont permettre de "lutter contre la délinquance la plus ancrée dans les quartiers" citant les trafics de drogue, les cambriolages ou les vols de colliers, phénomène en forte augmentation.

Gaudin répond à Valls

Jean-Claude Gaudin, a de son côté  rétorqué au ministre de l'Intérieur dimanche. "D'abord, le ministre de l'Intérieur semble oublier que la sécurité des biens et des personnes est une compétence régalienne de l'Etat et de lui seul. La police municipale n'est pas destinée à lutter contre la grande délinquance. Elle n'en a ni la formation, ni les moyens", a déclaré Jean-Claude Gaudin dans un communiqué.

"Ensuite, je peux assurer au ministre de l'Intérieur que les Marseillais seraient aussi heureux que les Lillois, si toute la ville était classée en zone de sécurité prioritaire" (ZSP), ajoute-t-il. "Enfin, rejeter les responsabilités sur les autres n'est pas --surtout après les fanfaronnades de la campagne présidentielle-- une méthode de gouvernement très efficace et responsable", a conclu  le maire de Marseille.