Vœux : Hollande attendu au tournant

© MaxPPP
  • Copié
, modifié à
LE POINT DE VUE DE - Les vœux du président seront périlleux après le revers de la taxe à 75%.

 Rassurer et convaincre. Dans un contexte économique et social tendu, et après la censure de la taxe à 75%, François Hollande est très attendu, lundi soir. Des politologues décryptent pour Europe 1 les conséquences de ce camouflet.

>> A LIRE AUSSI : comment Hollande a préparé ses vœux

Sans-titre-1

Un déséquilibre politique. Bernard Sananès, président de l’institut de sondage CSA, voit deux effets à la décision des Sages. Tout d’abord, "c’était une mesure plébiscitée par les Français pendant la campagne électorale et qui bénéficie encore d’un fort taux d’adhésion. Donc cette censure crée un déséquilibre politique car elle était un argument opposable à la gauche de la gauche. A chaque fois qu’une partie de la majorité considère que François Hollande ne va pas assez loin, on pouvait lui répondre : ‘il y a la taxe à 75% !’".

Deuxièmement, "cela crée aussi un déséquilibre dans l’opinion. Au moment où les Français considèrent qu’ils vont payer plus d’impôts l’année prochaine, cette mesure permettait de dire 'vous les classes moyennes, les cadres, vous allez payer plus d’impôts, mais on demande d’abord des efforts aux plus riches'". Et le sondeur de conclure : "il y a aujourd’hui un doute sur la justice dont parlait François Hollande pendant sa campagne."

IP3CMOR120830102

"Une impression de mollesse". Frédéric Dabi, directeur-général adjoint de l'Ifop, va plus loin encore en estimant que ce camouflet "réactive peut-être une impression de mollesse de la part du gouvernement, une véritable déception de le voir ne pas assez appliquer une politique de gauche, ce qui est la critique majeure des sympathisants du Front de gauche et d’Europe Ecologie – les Verts, même si le gouvernement pourra arguer qu’il n’est pas responsable de la censure des Sages." Pour les jours à venir, le sondeur prédit qu'une "une bataille de communication va s’engager entre les ténors de la majorité et l’opposition, qui va dénoncer l’amateurisme du gouvernement. C’est une pierre de plus dans le jardin de l’exécutif", a-t-il estimé. Et ça a déjà commencé.

>> A LIRE AUSSI : Taxe à 75%, la droite parle "d'amateurisme"

"Le gouvernement a fait un pari. Pari perdu !" Antonin André assure quant à lui que cette décision était prévisible. "C’était évitable. Bercy avait alerté le cabinet du Premier ministre du risque réel. Le gouvernement a fait un pari. Pari perdu !", estime l'éditorialiste d'Europe 1.

Puis, pour les plus jeunes, un rappel : ce n’est en effet pas la première fois que la gauche au pouvoir se fait censurer sur une disposition fiscale, et pour des motifs similaires. "En décembre 2000, le gouvernement Jospin veut rendre du pouvoir d’achat aux ménages modestes. Laurent Fabius, ministre de l’Economie, instaure alors une diminution de la CSG pour les bas salaires. Fin décembre, les Sages censurent la mesure parce qu’elle repose sur les salaires de l’individu sans tenir compte du foyer fiscal. Même cause, même punition !"