Universités d'été : la petite rentrée des politiques

Les universités d'été des partis politiques revoient leurs ambitions à la baisse.
Les universités d'été des partis politiques revoient leurs ambitions à la baisse. © AFP
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Fini les grands raouts de la fin août. Qu'ils estiment que le concept est dépassé ou qu'ils ne puissent plus se le permettre financièrement, les partis politiques revoient le format de leurs universités d'été.

Il y avait ces armées de militants venus en masse qui restaient plusieurs jours sur place, pour se retrouver et observer le bal des caciques. Mais ça, c'était avant. Dorénavant, les universités d'été des partis politiques, à quelques exceptions près, n'ont plus rien de la grand-messe de rentrée. Que ce soit pour des raisons budgétaires ou parce que le concept est jugé dépassé, les grandes familles politiques ont décidé de revoir la formule cette année.

Restrictions financières

Le manque d'argent est la principale raison évoquée par les partis politiques pour la revue de leurs ambitions à la baisse. Le Parti socialiste par exemple, n'invite plus ses militants à La Rochelle depuis l'an dernier. Laminés à la présidentielle et aux législatives, les socialistes ne peuvent plus se permettre de débourser les quelque 800.000 euros que coûtait le grand raout en Charente-Maritime. Seuls les élus sont donc attendus du 23 au 25 août avec, à la clef, une possible venue de François Hollande.

L'argent est aussi invoqué par Daniel Fasquelle, trésorier des Républicains, pour justifier l'absence d'un grand rendez-vous unique pour les élus et les militants du parti de droite. "On est très serrés financièrement, ça coûte trop cher", explique le député du Nord dans Le Parisien vendredi. Ce sont donc les fédérations locales qui organisent plusieurs rassemblements, dont celui de La Baule le 1er septembre. Quant au traditionnel campus des Jeunes Républicains, il se tiendra au Touquet du 7 au 9 septembre.

Enfin, le Rassemblement national doit lui aussi se serrer la ceinture après le gel de deux millions d'euros d'aide publique ordonné par les juges d'instruction dans l'affaire d'emplois fictifs présumés au Parlement européen. Marine Le Pen, qui voulait (re)faire un meeting en plein air à Fréjus, la cité varoise gérée par son ex-directeur de campagne David Rachline, a finalement dû se rabattre sur une soirée au théâtre municipal, qui ne compte que 800 sièges. "Avec la sonorisation, la lumière, [la première option] nous aurait coûté au bas mot 40.000 euros", justifie le trésorier du RN, Wallerand de Saint-Just, au Figaro. "À l'heure actuelle, il n'est pas question d'y penser."

Un modèle qui ne fait plus recette

Au-delà de la question de l'argent, celle de la pertinence des universités d'été se pose aussi avec acuité. Chez LR, Daniel Fasquelle n'hésite pas à trouver ce "modèle dépassé". Au sein de La République en marche!, l'université d'été n'a jamais eu cours. Bien trop ancien monde et, surtout, cela n'a jamais été la priorité. L'an dernier déjà, le parti majoritaire avait préféré organiser un séminaire pour ses jeunes élus. Les 10 et 11 septembre prochain, ils sont donc attendus au centre Vinci de Tours.

La France insoumise résiste encore

Finalement, il n'y a guère que la France insoumise qui persiste à organiser une grand-messe de rentrée. Mais pas question de tomber dans un format désuet pour autant. Le parti, fort de son statut de "première force d'opposition", tient à marquer le coup en organisant moult conférences sur la VIe République, l'écologie ou encore le service national universel. Et a décidé d'innover en invitant des personnalités d'autres partis politiques à débattre. On retrouvera ainsi des communistes et des socialistes, mais aussi des députés LR. "Il nous a semblé normal de faire de ces universités d'été un espace où les différentes forces d'opposition puissent venir s'exprimer", explique Manuel Bompard, coordinateur des campagnes au sein de la France insoumise, à l'AFP. Des élus de la majorité ont également été conviés mais ont tous décliné.