Une primaire des Verts en plein blues

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Cécile Duflot et Yannick Jadot sont les deux favoris de la primaire écologiste. Michèle Rivasi et Karima Delli sont également candidates. © NICOLAS TUCAT / AFP
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Le résultat du premier tour de la primaire écologiste sera dévoilé mercredi soir. Dans une quasi-indifférence générale, qui illustre le passage à vide d'Europe Ecologie-les Verts.

Beaucoup l’ignorent sans doute, mais se déroule, en ce moment même, parallèlement à celle de la droite et avant celle organisée par le Parti socialiste, une primaire des écologistes. Le vote du premier tour est même clos depuis lundi et les résultats seront proclamés mercredi. Probablement dans une belle indifférence. Car c’est peu dire que le scrutin, qui oppose les eurodéputés Michèle Rivasi, Karima Delli, Yannick Jadot et l'ancienne ministre Cécile Duflot n’a pas enthousiasmé les foules. Ce désintérêt public et médiatique illustre la situation d’un parti qui peine à se relever de derniers mois tumultueux.  

" 16.000 personnes, ce n’est pas si mal. Vous avez vu dans quel état on est ? "

En 2011, lors d’une primaire très médiatisée mettant aux prises, notamment, Eva Joly et Nicolas Hulot, près de 33.000 électeurs étaient en mesure de voter. Cinq ans plus tard, ils ne sont plus que 17.000 environ. Un mouvement de baisse qui suit la celui du nombre d'adhérents, passé en cinq ans de 14.000 à 7.000. Pourtant, les frais de participation ont été réduits de dix euros à cinq euros. Le vainqueur du scrutin ne pourra donc pas franchement s’appuyer sur une base électorale solide.  

"16.000 personnes, ce n’est pas si mal. Vous avez vu dans quel état on est ?", ironise de son côté Sergio Coronado, député EELV. L'élu des Français de l’étranger avance une autre explication à ce désintérêt. "Les candidats défendent le même socle idéologique. Il n’y a pas de différence. Il s’agit juste de choisir entre des personnalités. J’aurais souhaité qu’il y ait un vrai débat sur le choix de la stratégie politique, sur les orientations, pas qu’il suffise de réciter le catéchisme vert. Le débat est très insipide sur le fond. A la limite, on aurait pu tirer le candidat au sort", poursuit-il, visiblement désabusé.

" Je ne sais pas si on est sorti du marasme, mais on y travaille d’arrache-pied "

Yannick Jadot, l’un des candidats, réfute cette analyse. "Effectivement, la personnalité joue beaucoup, mais nous n’avons pas la même ligne politique. Cécile Duflot parle de l’écologie dans la constitution, du septennat non renouvelable, moi je suis plus ancré dans les réponses de la vie quotidienne, elle est dans une écologie plus institutionnelle, moi plus militante", cite l’eurodéputé à titre d’exemple.  Et pour lui, c’est aussi l’absence de coup bas qui explique un certain désintérêt médiatique. "C’est une primaire où on ne s’insulte pas. Il n’y a pas une volonté de cogner pour faire vivre la primaire hors du cadre de l’écologie politique", jure-t-il.

Pour Sandra Regol, il y a même des raisons de se réjouir. "Dans le contexte actuel, où les Français ne veulent plus entendre parler de politique, avec les affaires Bygmalion, Cahuzac, Thévenoud, c’est plutôt un succès. Nous avons eu beaucoup de dons, on sent une véritable envie ", veut croire la porte-parole d’EELV. "Et depuis que certains, dont Cosse, Placé, et Pompili sont allés se vendre au Parti socialiste, la ligne est totalement apaisée. Je ne sais pas si on est sorti du marasme, mais on y travaille d’arrache-pied", poursuit celle qui préfère parler de "clarification", plutôt que de "crise".

" La question essentielle, c’est le jour d’après "

D’autres sont moins optimistes. "Je ne suis pas sûr du tout que ça va rebooster le parti", estime Noël Mamère, parti d'EELV en septembre 2013, et qui jette un regard "peiné" sur son ancienne formation politique. "Attendons de voir les résultats, mais c’est sûr qu’ensuite, tout va être difficile : les signatures, le financement de la campagne", soupire Sergio Coronado.  Pour lui, à moyen terme, c’est l’existence même du parti qui est menacée. "Si on ne se pose pas les bonnes questions, la situation pourrait être périlleuse", prévient-il.  

Noël Mamère veut pourtant y croire. "C’est un premier pas, et c’est notre engagement collectif qui permettra de rebondir. Pour tout le monde, la question essentielle, c’est le jour d’après. Il faut une reconstruction de la gauche et de l’écologie, sur les décombres du Parti socialiste", plaide-t-il. "L’enjeu, c’est la qualité de la campagne présidentielle, pas une primaire qui, c’est vrai, est un peu low profile", assure de son côté Yannick Jadot. Sergio Coronado voit aussi des raisons d'y croire. "Je pense que l’écologie politique a de l’avenir. Plus je regarde le monde, plus je me dis qu’elle est absolument nécessaire. C’est ce qui me fait encore espérer."